TPM : le TCSP à l’arrêt depuis 2008

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Près de deux heures consacrées vendredi 12 février au futur PDU, plan de déplacements urbains, plat de résistance de l’assemblée communautaire.

Falco s’était préparé à la « bagarre », prenant même les devants, personne n’ayant ouvert les hostilités. Il s’en est chargé.

Le rapporteur, Yannick Chénevard, avait fait un rapide bilan du plan précédent (2005-2015), sur le mode de l’autosatisfaction, l’évolution (+60%) des fréquentations de nos modes de transports dans l’aire toulonnaise, le nombre de km de pistes cyclables (247) en augmentation, des parcs de co-voiturage (2)…des objectifs portant sur 120 actions dont 82% se sont concrétisées ! Il n’est pas entré dans le détail mais il a qualifié ce bilan « d’exceptionnel ». On n’est jamais si bien servi…

A peine Waquet pour le Fn avait-il annoncé le vote négatif de son groupe évoquant la stagnation du TCSP (transport en commun en site propre) et le coût d’exploitation du réseau de transports qu’il juge trop élevé, le président Falco a pris longuement la parole -près d’une heure- pour un plaidoyer en faveur de la décision qu’il a prise de renoncer au tramway avec le soutien de 11 des 12 maires de l’agglo. Le maire de La Seyne restant favorable au tram (comme l’élu écologiste) mais se rangeant aux choix majoritaires.

Falco assume ses choix…très contestables
« Une position qui découle de nos engagements électoraux… » il reviendra plusieurs fois sur cette légitimité que les urnes lui ont donnée. Il est là pour appliquer son programme, pas celui de ses adversaires rappelle-t-il sans modération. Ce que personne ne conteste mais  force est de constater que le TCSP est à l’arrêt depuis 2008 et qu’une nouvelle DUP (déclaration d’utilité publique) est obligatoire. Et toujours pas déposée !

Voilà ce qui l’énerve, du haut de sa réélection au premier tour, comme il aime à le souligner modestement. Il ne nie pas que la DUP de 2005 avait été prise pour doter l’agglomération d’un tramway, de l’université de La Garde à La Seyne. Après plus de dix ans d’études et de concertation entre les élus du Sitcat, les communes concernées, donc avant l’existence de TPM.

Ce choix avait été celui de la très grande majorité des agglomérations comparables, malgré un coût d’investissement supérieur, c’est vrai, mais pour sa plus grande capacité de transport,  sa souplesse, sa rapidité, sa sécurité, son confort, son moindre impact environnemental et pour un coût de fonctionnement plutôt favorable.

Le premier argument développé par Falco, curieusement, avant la question financière de « l’asphyxie des communes » fut celui des nuisances qu’auraient entraînées les travaux pendant deux ans »ils auraient sinistré la ville et notre territoire ». Il eut même ce cri du coeur : « je ne serais pas là aujourd’hui, à cette place, si j’avais laissé commencer les travaux… »

Argument strictement opportuniste. C’est assez terrible : il nous dit qu’il n’a pas eu le courage de prendre la responsabilité des nuisances évidentes, pour les riverains et surtout les commerçants, durant la durée des travaux, qu’ont eue ses collègues maires et présidents de communautés comparables, placés devant les mêmes problèmes. Falco s’est justifié, après coup, évoquant la topographie particulière de sa ville. Comme si ailleurs il fallait faire passer le tram en rase campagne, sans nuisance pour personne !

Les huit maires du Sitcat, avant TPM, qui en avaient décidé plus de vingt ans auparavant, à l’unanimité et qui étaient de sensibilités politiques très diverses, y avaient, eux aussi, pensé. Mais ils avaient fait prévaloir l’intérêt à plus long terme des populations pour un mode de transport plus adapté à l’évolution démographique et aux besoins des usagers de transports urbains plus rapides, plus fréquents, plus confortables, plus écologiques…

Il doit assumer aussi les conséquences
La première c’est que l’agglomération n’a plus de Transport en commun en site propre (TCSP) quel que soit le mode de transport, tram ou bus. Cela fait huit ans que ça dure. Renonçant au tram, il lui faut obtenir une nouvelle déclaration publique (DUP), après enqûete publique car celle qui est toujours en vigueur concernait exclusivement la réalisation d’un tramway. La procédure n’est toujours pas engagée.

Comble de mauvaise foi, il a encore tenté de faire porter la responsabilité du retard sur les citoyens usagers des transports, réunis dans une association, Toulon-Avenir, qui s’est mobilisée pour le respect des choix antérieurs qui étaient dans la phase de réalisation concrète (acquisitions et travaux) au moment où Falco décidait de renoncer au tram et d’entraîner avec lui 11 des 12 maires de TPM, tous de la même sensibilité, sauf La Seyne.

Qu’il ait parlé dans ses programmes électoraux de 2008 et de 2014 de son choix pour le HBNS, ne change rien à l’affaire. Si ce n’est qu’il n’a pas expliqué aux électeurs (trices) toutes les conséquences que cela pouvait avoir, notamment en termes de retards pour faire évoluer le réseau urbain au rythme des besoins et, nous y reviendrons, sur les coûts des investissements réalisés pour le tram  alors qu’ils n’étaient pas nécessaires pour un simple bus.

Alors il ironise, du haut de son perchoir, sur ceux qui voulaient le tram et qui n’ont pas été élus ! Comme si l’élection municipale avait été un référendum « pour » ou « contre » le bus. Il se présente comme quelqu’un de raisonnable, pragmatique…qui a su éviter le pire aux contribuables. Il sollicite les experts et même la Chambre régionale des comptes dont il cite des extraits soigneusement triés. Procédé classique.

Par exemple, c’est le même rapport d’observations définitives de la CRC du 10 avril 2015, cité par Falco qui souligne que… »l’offre proposée, bien que diversifiée, avec en particulier un volet maritime important, reste sous-dimensionnée par rapport aux besoins de la population d’une agglomération de plus de 400 000 habitants… » et plus loin qui parle de  » la nécessité de faire une nouvelle déclaration puis une enquête d’utilité publique pour acter l’évolution des choix politiques initialement en faveur du tramway, désormais au bénéfice du bus à haut niveau de service (BHNS) ». On en est toujours là. Et c’est ce que dit Toulon-Avenir depuis que le maire a décidé de remettre en cause le tram, choix de ses prédécesseurs

Quant aux conséquences financières, elles sont considérables. Le maire prétend faire des économies ?  Mais à quoi auront servi les études, les acquisitions immobilières et foncières déjà réalisées et qui ne s’imposaient pas pour un bus ?

Il y en a eu pour plus de 140 millions d’euros, de 2002 à 2012…en pure perte ? (1) En avait-il informé les contribuables de TPM ? Il faut y ajouter les dépenses antérieures à 2002. Cela s’appelle du gâchis. A moins de démontrer que, sur la durée, les dépenses globales d’exploitation et d’investissement, y compris la rémunération généreuse du délégataire (soulignée par la CRC) vont absorber les sommes déjà dépensées inutilement. Ce qui risque de ne pas être une partie de plaisir.

D’autant qu’il faut ajouter à ces fonds perdus les subventions publiques perçues par TPM  pour la réalisation d’un TCSP-tram. Et « il n’y aura pas de tramway à Toulon et dans l’agglomération » a martelé fièrement à plusieurs reprises le président de TPM !

Il a pris quelques exemples de collègues ayant abandonné le tram pour le bus dans ce contexte de « réductions des dépenses publiques » (il ne dit jamais « austérité »). Peut-être mais certains en étaient à leur 2è ou 3è ligne et disposaient déjà du tram. Et surtout ils n’avaient pas réalisé de travaux spécifiques pour un tram…et pour rien.  A Toulon il n’a toujours été question que d’une seule ligne de tram Est-Ouest, sur laquelle se greffaient des lignes de bus. Cela fait trente ans qu’on en parle.

Autre aspect financier : la CRC souligne que le contrat conclu en 2004 présentait un caractère très favorable aux intérêts du délégataire qui ne supportait que de faibles risques industriels et commerciaux avec un taux de rentabilité élevé et une progression importante des frais de siège à la charge…de la collectivité… »

Elle reconnaît que le nouveau contrat de 2013… »avec la seule RMTT après que son concurrent ait décidé de ne pas poser d’offres…est moins déséquilibré que le précédent… »
Sans commentaires.

A Toulon, Véolia, Vinci, Bouygues, Eiffage…tiennent la corde et les cordons de leur bourse.

René Fredon

(1) tableau p. 33 du rapport de la CRC
file:///C:/Users/Ren%C3%A9/Downloads/ROD+2%20(1).pdf

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