DOMINIQUE A + -BAT-
Vendredi 27 avril à 20H30
Chanson
Tarifs : 20 € Abonnés / 25 € Tarif plein Concert debout
DOMINIQUE A
2018 sera une année à deux facettes pour Dominique A qui nous propose de suivre les deux fils rouges de sa carrière tel un diptyque.
Le premier volet, « Toute latitude », enregistré en groupe, fait la part belle au rock, à l’électrique et l’électronique. Il est accompagné d’images superbement oniriques, fruit d’une collaboration avec le réalisateur de films d’animations Sébastien Laudenbach, dont « La jeune fille sans main », qui a obtenu le prix du jury au festival international du film d’animation d’Annecy 2016.
Il faudra s’armer de patience et attendre octobre pour découvrir la suite, « La fragilité » et ses mélodies plus acoustiques et intimistes, enregistrée en solo cette fois-ci. Ces deux sensibilités, qui font son ADN depuis 25 ans, Dominique A les exploitera sur la route dès le mois de mars au cours de deux tournées différentes qui devraient trouver un premier écho les 14 et 15 avril à la Philharmonie de Paris, lors d’un WE exceptionnel consacré à l’artiste.
En attendant, laissons Dominique A lui-même revenir sur ses « envies de son et d’écriture contradictoires » qui l’ont poussé à se lancer dans cet ambitieux projet et qui nous accompagnera tout au long de l’année 2018.
« À la question qui taraude les artistes installés : « Pourquoi faire un album de plus ? », une réponse possible : « Et pourquoi pas deux ? ».
Au-delà de la boutade, posons les choses en ces termes : après 10 albums, livrés avec régularité, et dont le dernier en date, « Eleor » (2015), très bien accueilli, l’envie d’une longue pause eût pu se faire sentir. Il n’en fût rien. Au contraire.
La raison ? L’insatisfaction, le sentiment, difficilement explicable, qu’« on n’y est pas », et qu’il faut s’y recoller pour tenter d’arriver « quelque part », à un endroit auquel on rêve, artistiquement parlant, d’accéder. Pour ce faire, il faut sentir qu’une direction se dessine. En ce qui me concerne, généralement, ça se produit en tournée ; à force de jouer le même répertoire avec un même son, la nécessité d’un autre son apparait. C’est le point de départ, l’idée sur laquelle l’écriture des chansons à venir va s’appuyer.
À l’issue de la belle et longue tournée d’un an autour d’« Eléor », je me suis toutefois retrouvé à nourrir des envies de son et d’écriture contradictoires : certaines versions très rythmiques et répétitives de morceaux anciens me persuadaient de creuser dans cette direction, et l’ambiance très électrique des concerts que nous venions de donner me donnait par contrecoup le désir de chansons mélodiques et acoustiques.
Dans le même temps, l’idée de ne plus jouer avec un son rock dans les théâtres et centres culturels s’est imposée; idée motivée par l’impression de plus en plus forte au fil des tournées qu’il y a une rencontre qui ne peut pas pleinement advenir entre un public assis et un groupe qui joue tendu, avec un volume sonore substantiel, induit par l’énergie.
Quelles conclusions pouvais-je tirer de tout ça pour imaginer la suite ? Que faute de pouvoir trancher entre deux envies antagonistes, j’allais satisfaire l’une et l’autre au cours d’une période resserrée. Et que cela donnerait lieu à deux disques, l’un au printemps, l’autre à l’automne, et à deux tournées correspondantes : la première en groupe pour l’album électrique, « Toute latitude », et l’autre en solo pour l’album à dominante acoustique, « La fragilité ». Une façon, finalement, de faire un sort à cette créature aux aguets, au nom terrible, la routine.
Il y a bien entendu une part de hasard qui intervient dans la conception d’un disque, indépendamment des intentions initiales. Pour « Toute latitude », c’est l’achat imprévu d’une boite à rythme analogique, au son spécifique, qui a été déterminant : l’écriture des morceaux s’est articulée autour de rythmes élaborés sur cet instrument, dont le son colore finalement tout l’album.
Sur cette base, deux batteurs ont officié dans un studio breton (le Near Deaf Experience) pour étoffer et faire vivre les rythmiques : les inventifs Sacha Toorop, complice de longue date, et Etienne Bonhomme, longtemps collaborateur de Claire Dit Terzi. La couleur rythmique prédominante de l’album est issue de ce travail, auquel se sont adjoints deux autres fines lames, Jeff Hallam à la basse, et Thomas Poli, aux claviers et guitares, tous deux déjà présents sur l’album et la tournée de « Vers les lueurs » (2012). Derrière la console, le ping pong sonore s’est poursuivi avec le binôme Dominique Brusson / Géraldine Capart : depuis « L’horizon » (2006), j’ai la sensation avec eux d’un work in progress permanent, un dialogue musical longue durée où nous faisons en sorte de modifier à chaque fois la méthode de travail pour couper court à toute redite.
Suivant un mouvement de balancier habituel, chaque nouvel album est comme une réponse au précédent : à la douceur et la suavité revendiquées d’« Eléor », répond ainsi l’énergie et le côté up-tempo de « Toute latitude », qui s’aventure sur des terrains plus électro et électriques, avec une production plus dense, davantage tournée vers les détails et les effets. Mais l’objectif est le même : proposer des chansons, si possibles marquantes et mélodiques. Avec des textes globalement plus explicites que par le passé, comme en attestent des titres comme « Désert d’hiver », « Lorsque nous vivions ensemble » ou « Se décentrer ». D’autres morceaux, en mode parlé chanté, s’inscrivent dans une veine plus narrative, et privilégient une forme de tension allant crescendo, tels « Les deux côtés d’une ombre » et « Corps de ferme à l’abandon ». En fermeture de ban, le plus apaisé « Reflet », emmené par une guitare acoustique, opère un lien avec l’album qui va suivre « La fragilité ».
Jusqu’alors, suivant les albums et les tournées, j’ai oscillé entre intimisme et maximalisme sonore, entre travaux solo et projets collectifs, les uns me renvoyant aux autres et se nourrissant mutuellement. Cette fois, par volonté de ne pas choisir, l’occasion m’a été donnée de jouer simultanément sur les deux tableaux. Comme si, enfin, les deux côtés d’une même pièce se rejoignaient. »
Dominique A
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