Il y avait beaucoup de monde hier à Toulon, Draguignan et Brignoles d’autant plus que nous étions un jour de semaine et un troisième jour de grève. C’est-à-dire un troisième jour non payé pour la plupart des manifestants. Il est donc à comprendre que plus le gouvernement explique sa réforme et plus le peuple la refuse.
Prenons quelques exemples
Notre système de retraite est en danger. C’est faux il est aujourd’hui à l’équilibre, il y a un déficit qui est prévu pour les prochaines années et face à ce déficit probable (pas certain), le gouvernement a plusieurs leviers. Soit il touche aux pensions des retraités, soit il augmente le financement des retraites pour qu’il ne baisse pas en réalité, soit il prend une mesure d’âge. C’est cette dernière solution que le gouvernement privilégie. C’est le moyen le plus brutal. Il concentre tous les efforts sur les gens qui vont prendre leur retraite dans les années à venir. Dans les 10 prochaines années, le gouvernement va faire 10 à 12 milliards d’économie sur les personnes de 55 ans et plus qui vont porter à elles seules ces économies imposées par l’Europe de Von der Leyen. Le gouvernement veut faire cette réforme maintenant pour revenir au 3% de déficit en 2027. Il s’est compliqué la tâche avec des baisses d’impôts très importantes : baisse d’impôts sur les entreprises, sur les ménages aisés, sur la taxe d’habitation par exemple. Ce faisant, il a lui-même créé ce déficit et pour passer sous la barre des 3% avant 2027, il cherche maintenant des baisses de dépenses.
Sans compter qu’ils oublient de nous parler de ce qui a été mis en réserve dans les années passées.
Comme le disait Alphonse Allais « Il faut prendre l’argent là où il se trouve : chez les pauvres ! D’accord ils n’en ont pas beaucoup, mais ils sont si nombreux »
Autre argument, dans les autres pays Européens l’âge de la retraite est plus proche de 65 ans. Mais comparaison n’est pas raison. Quand on compare le 67 ans en Allemagne il faudrait le comparer avec notre 67 ans à nous. C’est-à-dire l’âge auquel on peut partir sans décote. En Allemagne on peut partir plus tôt mais avec une décote importante.
Cette réforme va avantager les femmes. C’est encore faux.
Le ministre Franck Riester a reconnu sur France2 le vendredi 30 janvier, qu’elles seraient « un peu pénalisées » avec ce projet du gouvernement. Si le charismatique Franck Riester le dit …
Quand nous cherchons où se font les économies de cette réforme, elles vont se faire sur les personnes qui vont le plus devoir décaler leur départ sans gagner plus d’argent ou alors très peu. Le profil type est les femmes qui pouvaient partir à taux plein à 62 ans parce qu’elles avaient une carrière et des trimestres pour enfant.
En gros 60% des économies engendrées par cette réforme se fera sur le dos des femmes. Le dossier du gouvernement nous donne la pension moyenne des femmes par génération et nous dit de combien les gens vont décaler leur départ. Quand vous combinez les deux vous pouvez voir quelles économies sont faites. Ces économies sont les deux années de retraites que l’on ne vous donne pas. Ce gros choc c’est à peu près une femme sur quatre qui va l’absorber. Avec cette réforme les femmes vont travailler en moyenne 9 mois de plus alors que les hommes travailleront 5 mois de plus.
Cette réforme garantira 1 200€ de retraite pour tout le monde. Selon Bruno Le Maire le 6 février sur France Inter. C’est encore faux.
Pour commencer, il s’agit de 1 200 brut, ensuite ce n’est pas écrit dans la réforme ! La seule mesure qu’il y a dans la réforme c’est une revalorisation de certaines petites pensions si vous n’avez pas de décote. Cette revalorisation est comprise entre 1 et 100€ et c’est plutôt 33€ en moyenne pour les nouveaux retraités et 50€ pour les retraités actuels. Vous avez donc aujourd’hui 5 millions de retraités qui sont sous les 1200€, les seuls qui vont passer la barre sont ceux qui sont à 1 100€ et plus mais vous aurez toujours au terme de la réforme 4,2 millions ou 4,3 millions de retraités qui seront toujours sous les 1 200€.
La seule chose qui est écrite dans la réforme c’est ce que l’on appelle le minimum contributif, c’est-à-dire la pension de base sans L’Agirc-Arrco des salariés du privé. Cette revalorisation est au maximum de 100€ brut et au mieux ça vous augmente de 100€ mais en moyenne il s’agit plutôt de 50€. Donc si vous n’êtes pas à 1 100€ vous n’atteindrez pas les 1 200€ soyez en certains.
Même des personnes qui ont une carrière complète (elles se font rares) n’auront pas cette garantie d’avoir 1 200€. Nous sommes donc très loin de « Tout le monde aura 1 200€ » répété à l’envi par les membres du gouvernement.
On aura toujours au moins une personne sur quatre qui sera sous ce seuil. Rappelez-vous que ce miraculeux 1 200€ pour ce gouvernement est un objectif. Une personne qui aurait une carrière complète au SMIC mais qui aurait eu une partie en temps partiel, cette personne, ne sera pas à 1 200€ au moment de sa retraite.
Il faut lire le très bon article de Luc Peillon « Minimum retraite à 1 200 euros : les petits mensonges et grosses approximations du gouvernement sur les bénéficiaires » pour s’en convaincre.
Sans leur faire de mauvais procès, accordez-moi que les politiciens dans les 30 dernières années, toutes tendances confondues, n’ont jamais atteint leurs objectifs de campagne… loin s’en faut.
En un mois les gens ont bien compris que le gouvernement avait bien rodé ses éléments de langage mais que dans la vraie vie … c’est une toute autre histoire.
Malgré Hanouna, la France n’est pas un pays où il y a 60 millions de simples d’esprit.
Laurent di Gennaro
L’intersyndicale a tenu à organiser une nouvelle journée de manifestation dans le Var.
Samedi 11 février 2023
Brignoles : 15h30 lycée Raynouard
Draguignan : 18h30 sous-préfecture
Toulon : 10h30 place de la Liberté
Par CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, Solidaires, FSU, Unef, la Voix lycéenne, FAGE, FIDL, MNL
Cette vidéo date de 2014 mais depuis rien n’a changé, notre ennemi c’est toujours la finance 🙂
