Portrait sensible de la vie à Toulon

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Un musée virtuel, personnel et identitaire à travers la conscience et les travaux de 99 artistes, plasticiens et architectes, vus entre 1978 et 2008

Dés(Orient)és sur la Route du (Soi)
99 personnes, artistes, itinéraires, souvenirs, présences, sur un site internet qui annonce une discussion de « lavieatoulon » en général.
Collationner tout cela sur un territoire donné pour espérer le raconter à d’autres, c’est fabriquer une image, se confronter aux identités, à l’échange, à la critique de sa propre conscience dans le choix de l’image d’autres consciences, dans un territoire partagé, une histoire rapprochée. Ecrire une fiction à partir d’éléments du réel, partager ou non cette fiction, s’apercevoir parfois que d’autres y ont collaboré également, solitaires ou sollicités.
Alors, qu’est ce qui m’apparaît de cette collection au bout de trois mois de lecture, recherches dans le passé, présent et futur, rédaction nocturne de tout petits textes et découverte gourmande d’images ?
Une image très personnelle construite de la liberté de création à Toulon, qui d’emblée m’a emmené sur trois siècles ! Mais, j’espère aussi, quelques indices qui peuvent profiter à d’autres.
Ce qui me frappe le plus, c’est qu’au cours des trois siècles qui vont de Pascal de la Roze à Samuel la Roze, la position de l’artiste a radicalement changé – on le savait, certes, mais là, on le voit.
Comme souvent dans les villes de province française, on se dénigre et on se sous-estime, c’est le prix du centralisme passé – surtout au sud mythifié et caricaturé..
Je me suis arrêté à 99, il faudrait lancer dès maintenant, mais c’est le travail d’autres, l’exposition de 99 autres.
Jusqu’au tournant du siècle précédent, la peinture toulonnaise est aux pieds du politique, et vit pour transmettre cette dépendance. Certes elle peint les puissants, chante les louanges des travaux qu’ils commandent pour enluminer leurs choix imposés, mais pas seulement.
Avant le siècle précédent, les artistes qui en avaient les moyens allaient apprendre en Italie – les autres révéraient Rome sans pouvoir s’y rendre.
L’Italie était plus présente ici que dans d’autres coins d’Europe, tant par une grande histoire que par l’immigration ensuite. L’un des 99 est né à Toulon et mort à Naples, beaucoup ont peint une Italie mythique – la modernité a stoppé cela, il y en avait quelques réminiscences il y a peu de temps encore, avec Giacobazzi notamment qui commença par choisir son marchand à Venise, Italie pénétrée par l’Orient, justement.
Mais, mais, l’Orient.
L’imaginaire et la situation stratégique vis-à-vis de l’Orient ont disparu de la carte mentale toulonnaise. D’abord humainement. Car la flotte militaire française de Méditerranée est toujours la première, et plus que jamais, parce que… « l’Orient (est) compliqué », disait Malraux à de Gaulle qui le répéta en le constatant lors d’un voyage au Liban.
Il s’est progressivement produit, après l’ouverture à l’Orient, un repli sur soi, identitaire d’abord, sur l’individu ensuite et maintenant, au delà de l’individu, sur des recherches au fond de soi-même aujourd’hui, sur fond d’illusion de communication et de commerce généralisé immédiat.
L’image de l’Orient ici n’est plus liée qu’à des troubles post-coloniaux qui électrisent les archaïsmes, les conflictualités sont gérées avec un professionnalisme sans désir.
Le regard sur l’autre, l’étranger, semble s’être porté au fond de soi, en ne regardant plus les rencontres au delà de la mer.
Evidemment je regrette ce désir d’Orient, mais j’aime les déconstructions personnelles en réseau sans logos qui nourrissent aujourd’hui.

Daniel Bombert

Allez y faire un tour, perdez-vous dans ce Musée virtuel, vous ne serez pas déçus. Ce site est original, singulier, plein de surprises.  https://lavieatoulon.blogspot.com/
LdG

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