Comment accélérer le recyclage des plastiques en France ? Une étude initiée l’an dernier par le groupe de travail Recyclage et économie circulaire du CSF Chimie & matériaux tente d’y répondre. Cofinancée par la DGE, l’Ademe et 2ACR, elle a été confiée fin 2013 au cabinet Deloitte.
Les résines ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Les plastiques bien que multiples peuvent se résumer en termes de volumes et de caractérisation à cinq grades : PP, PS, PET, Pehd et Pebd. Pour simplifier le travail, l’étude s’est concentrée sur ces résines et les marchés qui vont avec : emballages, films, VHU et DEEE. Premier chiffre : sur les 3,5 millions de tonnes de plastiques post-consommation, seules 500 000 tonnes sont recyclées en France, tandis que 1,3 million de tonnes partent en valorisation énergétique et l’équivalent en décharge. Restent environ 500 000 tonnes qui, soit sont exportées soit finissent en mélange avec d’autres matières comme les RBA, non recyclés. Autre rappel, seulement 23 % des emballages ménagers plastiques sont recyclés. Le reste part en valorisation énergétique ou bien en décharge. Pourquoi une telle perte ? Au-delà d’une communication mal adaptée, l’emploi limité ou irrégulier de matière recyclée par les industriels peut être un frein. L’étude se penche également sur d’autres facteurs comme les fluctuations des prix des résines vierges et du pétrole. Entraînant inexorablement une décote sur le prix de la matière recyclée, même à qualité égale, insiste Jean Philippe Carpentier, président de Federec : « notre activité reste dépendante des matières vierges. Depuis plusieurs mois, nos prix et nos marges baissent à cause du pétrole et d’une demande insuffisante. Si cette situation perdure, on risque de s’éloigner de l’économie circulaire et de reprendre le chemin d’une économie linéaire. » L’étude Deloitte propose en conclusion trois axes d’actions : améliorer la captation et l’orientation vers le recyclage, en s’attaquant à la mise en décharge, à la modernisation des centres de tri et aux exportations illégales ; stimuler l’offre et la demande en incitant les grands donneurs d’ordre à contractualiser sur le long terme, en développant la commande publique, et des outils fiscaux incitatifs ; optimiser le fonctionnement de la filière en instaurant plus de traçabilité, et en enrichissant les plateformes d’indices de prix existants. Celles-ci pourraient être supervisées par l’autorité de la statistique publique qui organise la production de références en s’appuyant sur des partenaires privés. L’urgence étant de capter plus de déchets plastiques, l’étude propose en conclusion de créer un contrat d’expérimentation, pour que d’ici à 5 ans, les recycleurs traitent 300 000 tonnes supplémentaires (l’équivalent des déchets détournés des centres de stockage d’ici à 2020) avec la création de 2000 emplois à la clef.
source : http://www.environnement-online.com