L’humanité tout entière est au début d’une crise sanitaire et économique profonde, révélée par une pandémie dont l’origine -pour la plupart des chercheurs dont ceux du GIEC- ne fait pas de doute. Elle est l’illustration de la capacité auto-destructrice de l’homo-économicus sur la nature sur-exploitée à des fins marchandes cherchant la rentabilité financière immédiate. Au prix de l’épuisement des ressources et de l’accumulation des gaz à effet de serre qui compromettent gravement la santé publique en même temps que l’avenir de la planète et de ses habitants.
Le bétonnage des mégapoles, la déforestation à une échelle inédite, entre autre, modifient les éco-systèmes, l’habitat de toutes les espèces animales et végétales. L’essor du transport aérien rapprochant, dans de brefs délais, les points les plus denses de la planète, accélère la circulation des pandémies.
Le covid-19 a fait plus de 300 000 victimes(15-5-20). On peut craindre le pire si les sociétés libérales ne renoncent pas au productivisme effréné, ne tiennent pas leurs engagements écologiques où les renient, comme l’a fait Trump qui a retiré la signature de son pays de l’accord de Paris.
Ce « grand scientifique » essaie de répandre sa version rendant la Chine responsable de la situation. Laquelle a appelé, vendredi 15, à un renforcement de la coopération avec les États-Unis dans la lutte contre la pandémie, au moment où le président américain menace de couper toute relation avec Pékin.
Priorité absolue à l’éradication du virus
Cela va de soi. Il n’y a encore ni vaccin, ni traitement pleinement conçu pour ce virus. Ce qui exige une coopération renforcée entre tous les États. C’est loin d’être le cas dans un monde où règne toujours la domination d’une puissance dirigée par un climato-sceptique doublé d’un complotiste qui pousse à la reprise du travail même là où le virus fait le plus de ravages !
Un président en campagne pour garder la main sur toutes les institutions mondiales et dont l’autorité s’effrite dans son propre pays du fait de son incurie dans la gestion de la crise. Un président à la tête d’un arsenal militaire à la hauteur de ses ambitions hégémoniques bien mal en point.
À New-York devait se tenir le 27 avril la conférence d’examen du traité de non-prolifération des armes nucléaires. La pandémie ne l’a pas permis.Y étaient attendus les chefs des 191 Etats ainsi que les représentants de la société civile pour qu’ils ratifient un traité entré en vigueur le 6 mars 1970, sous l’égide de l’ONU.
Cinquante ans après, les onze puissances nucléaires ne l’ont toujours pas ratifié. Serait-il inutile de relancer la diplomatie du désarmement ? Le statu quo encourage les vélléités de quelques pays d’accéder à un parc nucléaire pour se sentir eux-aussi plus indépendants.
Ce qui perpétue la course aux armements, accroit l’instabilité et mobilise des sommes colossales qui seraient mieux placées pour satisfaire des aspirations infiniment plus humaines et urgentes : l’accès de tous à une vie digne dans un monde en paix où l’environnement est préservé.
Le monde soumis aux rapports de force.
Macron disait en février que « c’était un débat éthique…qui manque de réalisme dans le contexte stratégique actuel…la France suggère que sa puissance nucléaire pourrait s’européaniser »...Et, joignant le geste à la parole, il a prévu d’augmenter le budget de la dissuasion nucléaire de 60% entre 2019 et 2025 !
Dans le petit cercle des 11 pays disposant de l’arme nucléaire, deux pays, la Russie et les Etats-Unis, avec, respectivement, 6 500 et 6 185 ogives détiennent 93% du stock. La France avec 300 ogives est la 3è puissance nucléaire juste devant la Chine 290. Suivent le Royaume-Uni, 215, le Pakistan,150 et l’Inde, 140. Enfin Israël, 80 et Corée du Nord, 30.
Une ogive représente une puissance de 600 à 800 fois la bombe qui a anéanti Hiroshima, ça donne une idée de ce qui est au-dessus de nos têtes prêt à être largué et de la démesure des coûts et du maintien en état de pareils armements qui servent à dissuader les ardeurs de pays qui pourraient être candidats au suicide collectif, les détenteurs de la bombe sachant aussi à quoi ils s’exposeraient.
« L’équilibre de la terreur »…rien de rassurant.
On nous martèle que c’est le meilleur moyen qu’on ait trouvé pour faire réfléchir les adeptes de la force, terroristes compris : tenir les autres en respect, à moins qu’ils vous laissent exploiter leurs richesses, c’est aussi légitimer le désir de quelques pays d’entrer dans le club fermé. La tendance existe. La plupart des autres souhaitent qu’il soit mis fin au surarmement et, bien entendu aux armes nucléaires. Le plus tôt sera le mieux.
En réalité on n’est jamais sorti de la guerre froide, même après l’effondrement de l’URSS en 1990. Et qu’on ne nous dise pas que l’Europe n’a plus connu de guerre depuis 1945 ! Que s’est-il donc passé en Yougoslavie de 1992 à 1996 si ce n’est le dépeçage de ce pays, provoqué par l’occident, où cohabitaient pacifiquement et depuis fort longtemps plusieurs ethnies et religions dans chacune des six Républiques (plus deux provinces autonomes en Serbie) ?
Des guerres au Moyen-Orient et en Afrique, des conflits armés un peu partout, cela n’a plus arrêté. Et qui retrouve-t-on parmi les intervenants, les grandes puissances nucléaires aux côtés de tel ou tel selon les intérêts géopolitiques des uns ou des autres. Qui sont aussi les principaux producteurs et marchands d’armes (la France 3ème) par le truchement de l’industrie privée cosmopolite.
Alors que les industries concourant à la stricte défense du pays devraient relever d’un pôle public de défense comme le propose le PCF.
En France, la loi de programmation militaire 2019-2025 a prévu de doubler les crédits consacrés à la dissuasion nucléaire : de 3,7 milliards à 6-7 mds en 2025 (1)Voir l’étude du budget 2020 de la défense réalisée par le Mouvement de la paix.
Le budget général est passé de 35,8 à 37,5 Mds(+1,7 md chaque année jusqu’à 2022 et + 3 Mds/an jusqu’à 2025) Mais ça, c’était avant la pandémie et les engagements de l’État d’avancer les pertes de ressources des entreprises et des salariés qui se chiffrent en centaines de milliards !
L’occasion de revoir aussi le 1er budget de la nation et la conception de notre politique de défense qui s’étend à l’utilisation de l’espace. Aucun secteur ne peut y échapper.
Les dépenses militaires dans le monde s’élevaient en 2018, à 1 800 milliards de $ (5 mds par jour !)
Avec un budget de la défense de 716 Mds $ les E-U représentent 40% du total mondial des dépenses militaires ! Énorme.
Quand on rapproche ces chiffres ajoutés à ceux des grandes fortunes amassées au fil des ans, on comprend que l’ONU ne doute pas de la possibilité très large d’assurer la sécurité alimentaire dans le monde. Les moyens ne manquent pas de déployer les investissements nécessaires pour aider ces pays à créer les conditions de leur auto-suffisance alimentaire et de leur développement.
Selon la FAO, 820 millions de personnes souffrent de faim, de malnutrition, de non accès à l’eau potable…Comment peut-on se satisfaire du fait que la situation a pu être encore plus terrible puiqu’il y a une légère inflexion de la courbe dans le bon sens ?
Très souvent à cause des conflits pour les 2/3 de ces populations, mais aussi des changements climatiques et de la spéculation organisée à l’échelle mondiale, sur fond d’exploitation et de misère qui ne permet pas toujours aux producteurs locaux d’acheter leur propre production, parfois vendue à des marchands qui fixent les prix, avant même la plantation.
Comme quoi tout se tient : les stocks d’armes sophistiquées pour les pays déjà bien armés, sources de dépenses colossales mais aussi de recettes par les ventes d’armes que se partagent les mêmes États. La France étant encore la 3è puissance exportatrice d’une activité entretenue par un contexte de conflits incessants notamment au Moyen-Orient qui font le bonheur des marchands d’armes.
Le marché français de l’armement a représenté pour la période 2015-2019, 7,9% du total. Soit +72% par rapport à la période 2010-2014 ! Les E-U s’octroyant 36% des parts de marché devant la Russie, (en net recul depuis l’éclatement de l’URSS). Les principaux clients de la France : l’Égypte, le Qatar, l’Inde…se partageant 54 % de ses exportations.
Le produit de ces ventes allant pour une part grandissante à l’industrie privée. Les arsenaux d’Etat ont vu fondre leurs effectifs et leur cahier des charges en matière d’armements. Leurs missions se sont vu diluer et passer sous contrôle de puissantes entreprises multinationales.
La France a réintégré l’OTAN sous domination américaine (dont nous avait sorti le Gl De Gaulle) au lieu de redonner toute sa place à l’ONU et de respecter la charte des Nations Unies.
Ces questions ne sont pas optionnelles mais essentielles. Elles sont liées au débat sur le monde de demain à mettre en chantier dès aujourd’hui, telles que nous les pose la pandémie : au même niveau que les priorités sociales et écologiques. Elles conditionnent notre sécurité collective et le développement de la santé publique.
René Fredon