Lorsque la  culture  génère de l’économie et favorise l’emploi

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Petit regard à quelques semaines de la rentrée culturelle sur une entreprise originale varoise l’Établissement public de coopération culturelle EPCC autrement dit l’Opéra de Toulon

Le bâtiment un patrimoine
L’Opéra de Toulon a été créé par Léon Feuchères et Charpentier Père et fils, architectes, et inauguré en 1862. Le bâtiment se trouve en plein cœur du centre ancien. De style néo-classique avec ses arcs en plein cintre, ses colonnes grises et roses ainsi que son fronton, il possède de nombreux détails intéressants parmi lesquels il faut noter des frises géométriques  d’inspiration byzantine, style orientaliste qui sera très prisé à la fin du XIXe siècle. Le bâtiment occupe une surface au sol de 27 x 70 mètres, soit près de 2000 m2. Il a une infrastructure en pierres maçonnées et poutres métalliques selon les principes de construction de l’époque, semi-métallique. Son plafond, sur lequel figure une œuvre de Louis-Jean-Noël Duveau (1818-1867) est tout à fait remarquable.

Opéra et littérature
L’opéra, ce style de spectacle inventé en Italie au XVII -ème siècle s’inspire de toutes les littératures européennes. Des œuvres musicales célèbres portent d’ailleurs le nom des grands textes du monde littéraire. Manon, Carmen, La Dame de Pique, Faust, Don Quichotte, Les Misérables, Notre dame de Paris, La Bohème, Turandot, Le barbier de Séville, Don Giovanni sont, dans des styles différents et a des époques diverses, des transcriptions chantées des textes célèbres. Cela s’explique par la volonté d’offrir aux habitants des villes la possibilité de connaître ces grands thèmes littéraires à travers un spectacle visuel total (chant, poésie, théâtre, lumières, danses, décors, mouvements de foule en direct). A ces époques il n’y avait ni cinéma, ni télévision ni smartphone.

Opéra et métiers de la scène
Dans toutes les grandes villes qui ont la chance de posséder un bâtiment, le théâtre ou l’opéra  sont au cœur de multiples activités qui génèrent de l’emploi au service du spectacle vivant. Musiciens de l’orchestre, danseurs, choristes, décorateurs, affichistes, machinistes, électriciens, administrateurs, relations publiques, communication, secrétariat, personnel de salle, sécurité etc. Par exemple à Toulon l’opéra représente une part importante des subventions de la Métropole, 7,7 millions d’Euros pour plus d’une centaine de personnes attachées directement ou indirectement à son fonctionnement. Et un budget total avec le Département du Var entre 10 et 20 millions d’euros. C’est une véritable activité économique en soi qui offre de nombreuses possibilités d’emplois. Notons que l’État ne donne pas un centime pour ce monument classé.

Andréa Chénier un opéra historique en ouverture de saison le 11 octobre.
Créée en 1896 cette œuvre est chantée en italien. Elle raconte la vie tragique du poète français André Chénier sous forme  d’une pièce chantée en quatre actes d’Umberto Giordano composée sur un livret de Luigi Illica. Il s’inspire de la vie du poète André Chénier (1762-1794), guillotiné lors de la Révolution française. C’est un opéra vériste, qui décrit des scènes vraies et réalistes. Lors d‘une fête dans un palais aristocratique parisien, le jeune poète rencontre une jeune fille noble dont il tombe amoureux. Accusé d’être contre les excès de la Révolution il est emprisonné et condamné à la Guillotine. Son amie le rejoint en prison pour vivre quelques temps près de lui un amour passionné avant de le suivre à l’échafaud.

Pourquoi chanter en Italien ?
Parce que les chansons ou airs sont écrits dans cette langue qui est, elle-même, très chantante. De plus les chanteurs, qui viennent du monde entier et chanteront sans micro, sont plus à l’aise dans la langue d’origine de l’œuvre. Avant, en France on chantait tous les ouvrages en Français ; de nos jours le sur-titrage permet de suivre le sens des dialogues et des duos qui sont interprétés en italien. Un peu comme les films en VO.

Le compositeur  de la musique Umberto Giordano
Il est né à Foggia le 28 août 1867 et mort le 12 novembre 1948 à Milan. Son père exerçait la profession de chimiste et souhaitait que son fils suive la même voie que lui mais l’enfant est attiré par la musique. Au grand désespoir de ses parents, il entre au conservatoire de musique de Naples (1881-1891) Sa première œuvre jouée en public est Delizia, poème symphonique (1886). Il compose, sans doute, son meilleur opéra, Andrea Chénier, en 1894 sur un livret de Luigi Illica. La première a lieu à La Scala de Milan le 28 mars 1896 et connait un très grand succès. L’opéra est joué en Europe ainsi qu’à New York (Académie de musique et au Metropolitan Opéra le 7 mars 1920). Avec cet opéra, il est enfin reconnu comme l’un des plus grands compositeurs de l’opéra moderne italien.

Le librettiste Luigi Illica
C’est l’auteur des textes, des dialogues et des chants, c’est-à-dire du livret de toute l’œuvre mise en musique. C’est de lui que dépend la réussite théâtrale de l’œuvre. Luigi Illica 1857-1919 est un librettiste célèbre qui écrivit, habituellement en collaboration avec un collègue Giuseppe Giacosa, pour Giacomo Puccini. Il travailla aussi pour Alfredo Catalani, Umberto Giordano et d’autres compositeurs italiens. Ses plus fameux livrets sont ceux de La Wally, La Bohème, Tosca, Madame Butterfly et d’Andrea Chénier. Pour Andrea Chénier son habileté dramaturgique est sans doute une des raisons du succès de l’œuvre, on peut dire à 50/50 avec la musique.

La distribution toulonnaise
Direction musicale Jurjen Hempel Mise en scène Nicola Berloffa Décors Justin Arienti Costumes Edoardo Russo Lumières Valerio Tiberi / Maddalena di Coigny Cellia Costea Bersi Aurore Ugolin/ La Comtesse / Madelon Doris Lamprecht / Andrea Chénier Gustavo Porta / Carlo Gérard David Cecconi / Roucher Pietro Fléville Wojtek Smilek / L’Incroyable, L’Abbé Carl Ghazarossian / Mathieu « Populus » Geoffroy Salvas Un Majordome, Dumas Cyril Rovery / Fouquier-Tinville, Schmidt Nicolas Certennais.

Orchestre et Chœur de l’Opéra de Toulon Coproduction Fondazione Teatro Comunale di Modena, Fondazione Teatro Regio di Parma, Fondazione Teatri di Piacenza, Fondazione « I Teatri » di Reggio Emilia Fondazione Ravenna Manifestazioni, et Opéra de Toulon.

Pourquoi Andrea Chénier est-il un des opéras les plus appréciés du public et des interprètes ?
Le spectacle est très vivant (nombreuses scènes de foules, défilés mouvementés). L’histoire d’amour est émouvante (deux jeunes gens pris dans la tourmente révolutionnaire). La musique est prenante, même envoutante (elle colle à la vie dramatique des personnages). Par exemple Gérard qui était domestique devient chef révolutionnaire par idéalisme tout en comprenant qu’il n’est pas libéré de ses passions personnelles.

L’œuvre pose enfin une question qui reste sans réponse, qu’est-ce que le Bien ? A quoi servent les révolutions qui commencent  si bien et finissent souvent dans la violence ? L’ensemble du spectacle qui dure 3 heures s’adresse à tous et en particulier aux jeunes spectateurs qui peuvent y voir une sorte de bande dessinée chantée de l’époque de la Révolution Française.

Jean-François Principiano

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