L’opéra de Toulon a 156 ans

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Le 2 octobre 1862 inauguration du plus grand opéra de Province
L’opéra de Toulon a 156 ans

Construit en deux ans entre mars 1860 et octobre 1862, la magnifique salle du Grand Théâtre de Toulon comptait 1800 places (aujourd’hui 1350). Les travaux avaient couté 965OOO francs de l’époque (plus de deux millions d’euros). L’architecte Leon Feuchére commença les travaux qui furent terminés par Charpentier.

Un discours d’ouverture de Charles Poncy
La soirée du 2 octobre avait été conçue dans un style particulièrement pompeux à cause de la présence des autorités et de nombreux invités. On confia le discours d’ouverture au jeune poète maçon Charles Poncy dont les vers résonnèrent ainsi :
« Dans ce palais qu’aux arts élève la cité
Hôte qu’on n’entend pas, que nul n’a présenté,
Séduite par l’éclat des chants de la lumière
A la fête du jour j’apparais la première
Qui suis-je ? Vous savez, vous tous qui m’écoutez
Mon nom qu’avec orgueil dans le cœur vous portez
Je m’appelle Toulon ville de fierté
Aux rives domptées de la méditerranée. »

L’œuvre d’ouverture était une partition légère et inoffensive « les Mousquetaires de la Reine » de Fromental Halevy l’auteur de « la Juive » qui avait vécu quelques temps à Hyères avant de terminer ses jours à Nice. En fait, les festivités de l’inauguration du théâtre durèrent une semaine entière du 1er au 8 octobre 1862. Chaque soir était consacré à une forme de spectacle, danse, opérette, grand-opéra, concert symphonique et même bal populaire (en recouvrant les sièges du parterre).

Un directeur itinérant
Antoine Pétrin dit Tony avait été choisi comme premier directeur de ce théâtre construit treize ans avant l’opéra de Paris, dix-sept ans avant celui de Monte Carlo (Charles Garnier utilisa même quelques trouvailles architecturales de Charpentier, notamment le double escalier donnant sur une loggia attenante au Foyer).Vingt-trois ans avant celui de Nice, vingt-six ans avant celui de Montpellier et soixante-deux avant celui de Marseille. Seul le petit et délicieux Théâtre Denis de Hyères était son ainé. Antoine Pétrin avait été surnommé le voltigeur à cause de ses nombreuses absences étant donné qu’il gérait en même temps deux cirques dans la région (Arles et Fréjus)… Le compositeur Hyppolyte Duprat qui était son ami – son buste trône à l’opéra et sa rue honore sa mémoire à Toulon ainsi qu’une place à Ollioules, sa ville natale – y fit jouer son chef d’œuvre Pétrarque (qui mériterait d’être exhumé des oubliettes de l’histoire de la musique par le Palazetto Bru Zane de Venise).

Les grandes heures de l’opéra de Toulon
On ignore souvent que la Marine était à l’origine de la création de ce théâtre, le plus grand de Province à son époque, qui l’utilisait pour honorer les marines étrangères en visite officielle à Toulon. Ainsi en 1901  la marine italienne en présence du président de la République Émile Loubet. En 1890 le président Sadi Carnot présida un gala de lancement pour un nouveau navire de guerre, le Magenta.

Les plus grands noms y sont venus Ninon Vallin, Lilli Pons, Mado Robin, Georges Thill, César Vezzani (qui disait je chante Sigurd de Reyer en toute sigurité…), Tony Poncet, Montserrat Caballé, José Carreras, Régine Crespin, Françoise Garner, Alain Vanzo, Andrée Esposito, Mady Mesplé, Salvatore Fisichella, Jaime Arragal, Charles Burles, Aldo Filistad, Suzanne Sarroca, Henry Legay, Isabelle Andréani, Julien Haas, Georges Liccioni, Géori Boué, Renée Doria, Xavier Depraz, Michel Dens, Gérard Serkoyan, Jeanne Rhodes, Alain Fondary, André Jobin, Gabriel Bacquier, Jean Giraudeau, Michel Sénéchal, Pierre le Hemonet, Robert Massard, Nicole Broissin, Caroline Dumas, Adrien Legros, Henry Genès, Tino Rossi, Georges Guétary, Marcel Merkés et Paulette Merval, Michel Trempont, Nicolaï Gedda, Nathalie Dessay, Sabine Devieilhe…et tant d’autres des plus récents.

Le légendaire baryton Ernest Blanc y débuta avant Bayreuth. Un jeune chef de 11 ans Roberto Benzi dirigea son orchestre. Le toulonnais Gilbert Bécaud son opera d’Aran. Un jour, pas si lointain, un tyrolien d’attraction tomba sur le dos du premier violon dans l’Auberge du Cheval Blanc ou encore Carmen y fut étranglée car le ténor avait oublié le couteau dans sa loge…. Sous Pétain André Dassary y enregistra Maréchal nous voilà, un disque qui fit le tour de la France avec les chœurs de l’opéra. Mais aussi l’opéra honore en une plaque émouvante ses artistes des chœurs et techniciens morts pour la France au cours des deux conflits mondiaux. Une belle histoire qui continue…

Avant une période de travaux qui s’annonce nécessaire (2019-2020) et une restructuration du Paradis (lost paradise !) il reste toujours un des plus beaux fleurons du patrimoine communal et national dont l’acoustique incomparable a fait la renommée.

Jean François Principiano.

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