Législatives : ça tangue à droite, ça s’émiette à gauche

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Le coup d’envoi de la campagne est donné : on connaît tous les candidats, au moins leurs noms. 119, un record dans le Var. On ne connaît…pas vraiment la plupart d’entre eux.

Le 11 juin il y aura 16 qualifiés pour le 18 juin. 8 sortants LR dont 3 ne se représentent pas (Giran, Couve et J. Pons) mais ils sont remplacés. Et même parfois concurrencés par d’autres « droites » diverses et variées dont la présence paraît plutôt dictée par le ressentiment et la vengeance que par l’ambition d’être élu…Car ça tangue beaucoup à droite en ce moment.

Et le coup de Macron en séduit un certain nombre tout en agaçant le reste des troupes, au sommet de l’édifice. Baroin, Pécresse et quelques autres veulent relever le défi mais l’entrisme du 1er ministre, de Bruno Lemaire et de l’ex-conseiller de Juppé, Darmarin promu lui aussi ministre, entretient la confusion.

Voilà que l’UDI penche aussi du côté de l’attente bienveillante avant de contester. Le président Jean-Christophe Lagarde,  lâche que « Emmanuel Macron est suffisamment libéral pour qu’on puisse trouver des terrains d’entente et que ça se passe bien… » (Le Parisen 21-5-17). On ne le lui fait pas dire. Il n’a que louanges pour le nouveau gouvernement.

En même temps qu’un sondage vienne nous assurer que 62% des Français sont satisfaits d’E. Macron et du gouvernement. Alors qu’il y en avait 61% qui, au lendemain de son élection, ne souhaitaient pas qu’il ait la majorité absolue.

Mais ce n’était pas la même question. Là, les 62% donnaient une impression après l’ouverture à droite du gouvernement et non sur leur vote aux législatives, mais on n’est pas loin de la manipulation tout de même. Il faut rendre le  Président sympathique et ouvert…à droite. Etait-ce bien nécessaire ?

Ce serait la catastrophe -pou lui- si le nouveau parti LREM n’avait pas une majorité de sièges pour gouverner ? Après tout son programme n’a obtenu que 24% au 1er tour. Il faut arrêter l’imposture de considérer le second tour comme un vote d’adhésion, « un contrat passé avec les Français » ? Alors que 3 Français sur 4 ont voté contre Macron au 1er tour. L’illustration du piège institutionnel.

Dans le Var, en raison de la sur-représentativité des LR tous élus en 2012 sous l’étiquette UMP, et du niveau atteint par le FN aux régionales et à la présidentielle, la droite très affaiblie voit encore des pans de son électorat basculer à l’extrême-droite, comme Jugy devenu candidat FN dans la 8ème ! La 4è et la 7è sont aussi sous la menace, notamment. Un FN lui-aussi en proie à quelques règlements de comptes internes qui se traduiront par des candidatures…sans étiquette mais pas sans arrières-pensées.

Deux inconnues : LREM, label gouvernemental, présent partout avec des socialistes et des sociétés civiles. Le PS a retiré ses candidats sauf dans la 5è et dans la 1ère où un Hamoniste a remplacé Valentin Giès, favorable à Macron. Dans deux autres, un PS est associé à un EELV, donc concurrent de LREM.

A gauche, 8 nouveaux candidats de la FI, seconde inconnue, qui a refusé tout accord avec le PCF. Ce dernier avait  proposé de longue date de s’accorder sur des candidatures uniques à gauche. Il en retirait 5 tout récemment pour faciliter un accord. La FI persistant, le PCF en présente 8, comme LO,  EELV 6…chacun partira sous ses couleurs. Un émiettement incompréhensible, comme à la primaire.

Cette photographie rapide des candidats pléthoriques ne saurait évidemment être déconnectée de l’enjeu central de ce scrutin : une majorité ou pas pour le nouveau président libéral de la France et son gouvernement.

Ce n’est ni l’âge du capitaine, ni son look, ni sa tentative d’élargir sa base électorale qui constituent des arguments politiques susceptibles de nous faire oublier le reste : le fond de ses choix, dans la continuité de ce qui a échoué depuis plusieurs quinquennats : l’austérité pour le peuple et les profits pour une minorité. Les déceptions et les colères n’en seront que plus fortes.

Avec en prime, un renforcement des méthodes autoritaires de gouvernement qui sont annoncées, sous prétexte d’aller vite, les ordonnances pour aggraver et accélérer la loi El Khomri, en finir avec le code du travail. Le mépris du parlement et de la concertation sociale.

C’est provoquer le mouvement social ! Rien que ça mérite une opposition de gauche celle-là, résolue et rassemblée.

René Fredon

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