Rien ne va plus dans la charmante commune varoise qui accueille en été les mélomanes du monde entier pour ses fameux concerts sous les voûtes de l’abbaye cistercienne.
Cette fausse note ne provient pas des chanteurs mais du Concasseur que l’entreprise Someca de Brignoles veut y installer. Le feu vert pour l’installation a été donné à la Someca, entreprise spécialisée dans l’exploitation des carrières, au début de l’année dernière. Mais début janvier, l’association des riverains du hameau des Codouls, ensemble de maisons le plus proche de la zone, ainsi que la mairie, ont fait part de leur vive opposition au projet.
Non au Concasseur
Sur le site qui fut un temps une ancienne mine de bauxite, – la Someca a pris la relève avec son projet qu’elle juge de son côté viable et acceptable et qu’elle estime porteur d’avenir. De leurs côtés les riverains se sont constitués en association de défense car ils pensent que la poussière, le bruit, les risques géologiques, la pollution de l’eau, la dévalorisation de leurs biens immobiliers, l’impact sur la faune, la flore, l’augmentation du trafic de camions et l’ensemble des impacts économiques et écologiques vont dangereusement perturber leurs vies quotidiennes. De nombreux panneaux et bâches sont disposés en ville et a l’approche du site pour dénoncer les nuisances encourues.
La Someca joue la transparence
La Someca par la voix de son directeur Frederic Soulié affiche sa volonté de transparence. Il a adressé au Préfet du Var sa demande l’an dernier en ces termes :
« Le choix de ce site pour le projet de la SOMECA représente également un avantage, dans un contexte possédant un grand nombre d’espaces naturels protégés d’une part, et d’autre part des zones urbaines habitées, et ce pour plusieurs raisons :
- Site en dehors de tout périmètre réglementaire de protection vis-à-vis de la biodiversité
- Site en dehors de toute zone d’Appellation Contrôlée ou Protégée ou d’Indication Géographique Protégée ;
- Éloignement des zones urbaines denses : l’ancienne carrière est située à environ 3 km du centre urbain du Thoronet ;
- Facilité d’accès : le site est desservi par une route menant de la D17 jusqu’au portail d’entrée, anciennement empruntée par les camions lors de l’exploitation de la carrière permettant une accessibilité pour tous travaux et chantiers intervenant dans ces secteurs géographiques ;
- Réhabilitation d’un site déjà artificialisé : cette carrière était exploitée jusqu’en 1997 par SOMECA. Ce site a déjà fait l’objet de modification par l’homme. Le projet ne va donc pas conduire à une artificialisation supplémentaire de surfaces. Au contraire, ce projet assurera une insertion paysagère optimale de cette ancienne carrière qui n’avait pas été réaménagée selon les exigences actuelles en matière de protection de l’environnement. »
À l’heure actuelle le projet semble bloqué car il y a encore quelques pierres dans l’engrenage. En fait ce sont deux visions du monde varois qui s’opposent (et ça risque de durer).
D’un côté la légitime défense de l’environnement des riverains, de l’autre le productivisme en matière de matériaux de construction.
Le Var tient dans ce domaine un triste record : c’est le département le plus « constructif et bâtisseur » de la côte méditerranéenne provençale selon les dernières données de l’INSEE. En attendant d’ultérieures décisions, le concasseur du Thoronet risque encore de broyer du noir pendant longtemps avant que l’on y voit plus clair.
Sources : http://www.var.gouv.fr/IMG/pdf/part_1_-_someca_thoronetsomeca_enregistrement_vf.pdf
Jean-François Principiano
