Guy Henri Kleiner vient de publier son deuxième roman le Cavalier Pansu. Tome 1 Sauver la relique *
C’est un beau roman d’aventure qui évoque la mission d’un héros médiéval Pierre de Molvange chargé par les templiers de mettre à l’abri un mystérieux objet, peu de temps avant la disparition tragique de l’ordre. Accompagné de Yasser, un sarrazin, rencontré en Palestine, son fidèle second, il traverse la France du XIVème siècle pour atteindre l’Angleterre et vivra de nombreuses péripéties avant d’espérer fonder le Nouveau Royaume.
Dans ce récit épique fort bien documenté l’auteur** livre beaucoup de lui-même et répond indirectement a de nombreuses interrogations qui hantent toujours les historiens qui se penchent sur cette période troublée. Une époque fort semblable à la nôtre avec la remise en cause des certitudes, des croyances et des institutions.
Se gardant bien de toute rhétorique ou didactisme plaqué, Kleiner, qui nous avait déjà ému dans Rip déploie un réel talent de romancier. Il évite par exemple les longues digressions sur les mystères qui alimentent tant de conférence besogneuses. Il consacre les plus belles pages du livre à décrire avec passion une course haletante pour protéger un mystérieux objet-symbole qui pourrait sauver la civilisation.
Au contraire de tant de productions littéraires confuses sur le sujet, la clarté de la narration est ici patente. Le style est alerte. Les phrases sont courtes et le ton est juste.
Quant à nous qui suivons son évolution et qui connaissons un peu l’homme, nous pouvons dire que ce roman que l’on ne peut que conseiller, possède trois qualités essentielles qui devraient lui assurer le succès.
Tout d’abord la clarté et la simplicité du style qui en fait un moment de lecture passionnant et divertissant. Ensuite le sens du récit, c’est-à-dire la forme narrative procède chez lui par une série de saynètes très cinématographiques (ce roman pourrait faire l’objet d’une sympathique « série »). Il se lit un peu comme les œuvres des grands feuilletonistes du siècle dernier. Il y aura d’ailleurs une suite.
Dès les premiers chapitres, il tient en haleine le lecteur par une description précise de la vie quotidienne de l’époque médiévale. On sent aussi une connaissance personnelle de la part symbolique de cette quête spirituelle.
Enfin et ce n’est pas la moindre de ses qualités, on est touché par la couleur poétique de l’écriture que l’on retrouve tout au long des pages les plus belles que l’auteur consacre à son héros au cours de nombreuses évocations. « Le vent qui souffle par à-coups ouvre des brèches dans le couvercle des nuages. Cela laisse le temps de distinguer autour de soi pendant que la clarté des étoiles éclaire la campagne avant de s’éteindre comme ferait une mèche soufflée. » page 208.
Ou encore page 199 « C’est le convoi de la Cour des Miracles ! la troupe des sans-grades, l’armée des bons à rien, le peuple du Christ. La foule grossit au fur et à mesure de l’avancée par une sorte de mimétisme. Les marcheurs racolent tous ceux qu’ils croisent. Une vieille femme maigre et rabougrie, dont le visage est caché par la coiffe traditionnelle qu’elle a serrée sur son front, entame une prière. »
Vers la fin le roman se teinte de lyrisme ésotérique. L’aspiration à la fondation de la Nouvelle Jérusalem pour la survie de l’Ordre du Temple est une intention intéressante. Je laisserai au lecteur le soin de décrypter ce qui se cache derrière la notion du trésor des templiers si avidement convoité, et de découvrir l’objet que Pierre tenait sur son ventre, faisant de cet athlète un cavalier pansu. Chaque réussite artistique a sa part de mystère.
Jean-François Principiano
*Le Cavalier Pansu Tome 1 Sauver la Relique chez Librinova 17€90. En vente également à la FNAC et dans toutes les librairies.
**Guy Henri Kleiner est né en 1945 à La Calle, ancien département de Constantine, d’origine luxemburgo-mosellane. Il habite à Carqueiranne et se consacre à l’écriture.
