La situation du mal logement dans le Var

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20 ans

20 ans que d’année en année la Fondation Abbé Pierre analyse, interpelle, propose, sur la situation du mal logement.

20 ans que chaque année les équipes de la Fondation s’interrogent sur leurs capacités à trouver l’angle d’approche du prochain rapport .

20 ans que la situation évolutive du mal logement et de la précarité n’est pas avare en angles d’attaques :

  • –  Le manque de logements pour faire face à l’accroissement démographique et les nouveaux modes de vie
  • –  Les travailleurs pauvres et aux contrats précaires
  • –  La précarité énergétique
  • –  La taudérisation des immeubles et habitats des années pré 1950,
  • –  l’habitat des propriétaires occupants en particulier en milieu rural.
  • –  La dégradation des immeubles réalisés dans les années 1962/1975, et qui fait se développer la 
problématique des copropriétés dégradées.
  • –  L’habitat indigne dans les centres ville et villages anciens
  • –  Le manque de réponses adaptées vis-à-vis de la grande précarité.
  • –  Les expulsions locatives sans proposition de relogement
  • –  Et j’aurais une insistance sur le logement des personnes vieillissantes ; après avoir loupé 
l’évolution de la cellule familiale, c’est un nouveau défi qui se présente à nous et pour lequel actuellement nous ne sommes pas prêts à faire face. 
Cette crise du logement qui perdure et s’amplifie depuis de trop longues années met en péril l’idée républicaine de liberté, d’égalité et de fraternité ; 
Car elle renvoie avant tout à une question de société, de vivre ensemble, d’équilibre entre toutes les composantes de la population, ainsi qu’à la capacité de donner à chacun des perspectives d’avenir, de sécurité, de protection pour la personne et sa famille. 
Au-delà des murs et du bâti, le logement est le lieu de l’intimité , de l’échange, de la réception amicale ou familiale et donc une partie intrinsèque de la maille sociale qui donne sa place et un sens à notre vie en communauté. 
L’angoisse de perdre son logement, le traumatisme que provoque la perte d’un habitat et les conséquences dramatiques d’une expulsion sont là pour démontrer son importance. 
La crise que nous subissons depuis 2008 revêt parfois un caractère de désespoir, de chute inéluctable.
  • –  Laisser nos aînés dans la solitude et la précarité
  • –  Ne pas donner d’espoir pour les personnes, pour les jeunes, pour ceux qui se préoccupent des 
ménages en difficultés devient alors une erreur politique majeure. 
En 1954 , il a fallu l’appel de l’abbé Pierre et l’insurrection de la bonté pour relancer des programmes de construction ambitieux et réinsuffler une lueur d’espoir à des millions de personnes.

Dans les années 1990, les politiques sociales ont semblé prendre acte du désarroi de nombreux ménages, de cette nouvelle pauvreté qui frappait à nos portes et donc du besoin d’inventer , d’innover dans le domaine de la protection des personnes, et de renouveler notre pacte républicain.

Les lois sur le RMI, le logement pour les personnes défavorisées, la politique de la ville, contre les exclusions ont donné ce souffle tant aux personnes qu’à ceux qui les côtoient ou les aident.

C’est peut être de cela dont on a le plus besoin aujourd’hui, des raisons d’espérer,
 des lueurs au bout du tunnel,
 des actions qui prennent en compte ceux qui rencontrent des difficultés.

Le marasme, la désespérance, le caractère quasi inéluctable d’une dégradation, sont ressentis comme autant d’obstacles avant d’envisager la sortie de crise.

Pourtant, ces périodes devraient stimuler notre imagination au lieu de ressortir les sempiternelles recettes dont on sait pourtant qu’elles sont éphémères et surtout inefficaces à terme et souvent très inégalitaires.

Le débat sur les idées reçues prend ici toute son importance car celles-ci sont bien souvent le recours facile qui évite de rechercher les vraies causes, au lieu de faire preuve d’objectivité, d’imagination, d’inventivité.

Pire, ces moments de crises, dans l’histoire, ont toujours poussé à rechercher des responsables, boucs émissaires ou victimes expiatoires.

Quand dans le discours politique ou populaire,

  • –  le chômeur n’est plus une victime mais devient un fainéant,
  • –  quand le sans abri n’est plus un pauvre mais un parasite, voir un délinquant,
  • –  quand le mal logé n’est plus une personne en difficulté mais quelqu’un qui est incapable 
d’entretenir, de payer ou de gérer son logement,
  • –  sans oublier les populations Roms et les Gens du Voyage stigmatisées sans aucunes retenues, 
l’Autre n’est plus alors perçu comme une chance de diversité mais comme un profiteur du système et les risques sont énormes pour notre société. 
L’abbé Pierre disait souvent que si demain un pays déclarait la guerre à la France , on saurait trouver de l’argent, de l’énergie, de la force, de la solidarité et de l’union pour faire face au danger et y répondre rapidement ensemble. 
Notre vrai ennemi déclaré ne serait-t-il pas la pauvreté, l’injustice sociale, l’abandon des plus faibles, le mal logement, 
Alors qu’attendons nous pour nous soulever afin de vaincre la crise du logement, source de tant de maux pour tous les habitants de notre belle France ? 
L’objectif n’est pas hors de portée mais dépend d’une forte , nécessaire et véritable volonté politique portée par l’exigence des citoyens.

Cette volonté existe-t-elle ?

Nous devons nous interroger lorsque l’on constate le détricotage de la loi Duflot , la non promulgation des décrets d’application d’une part et les propos de Sylvia Pinel lors de la présentation nationale de notre rapport ; un discours monocorde, absent de toute conviction, conviction qui devrait pourtant appeler à la mobilisation.

Des annonces certes (1400 places de maisons relais, plus de place d’hébergement..) mais a budgets constants. En gros on déshabille Cécile pour ne donner qu’une simple couverture de survie à Sylvia.

Alors, Monsieur Le Préfet , mission difficile aurait été la vôtre, alors que nous vous offrions une tribune, si vous aviez pu honorer les participants de votre présence en ce jour ou je pense que tout le monde attendais que vous explicitiez la politique de l’Etat dans le Var, en matière de politique foncière, de logement locatif social, d’application de la loi SRU

Mais aussi
 quid des aires d’accueil pour les voyageurs, et des terrains familiaux?

quelles actions positives vis-à-vis des populations roms dont il est fait la preuve que bien accompagnées elles peuvent parfaitement s’intégrer, comme se sont intégrés, les arméniens, les polonais, italiens, espagnols, portugais au cours du siècle passé, et dont les descendants sont parmi nos élus accédants parfois aux plus hautes fonctions?

Rappelons que plus de 2 millions de citoyens français sont d’origine rom, tziganes, gitans, enfants des migrations depuis le 15ième  siècle et enfin , alors que depuis 9 jours le guichet du droit a être expulsé est à nouveau ouvert, quelles actions pour prévenir ces expulsions.

Sur beaucoup de questions vous avez mis vos pas dans ceux laissés par votre prédécesseur Laurent Cayrel, vous avez maintenu ce contact avec les représentants associatifs et nous nous en félicitons

Mais au-delà de ces rapports républicains entre le représentant de l’Etat et les représentants des citoyens c’est bien sur le concret que nous jugeons de l’action de l’Etat dans le var.

Alors, si les chantiers sont initiés , il reste à poursuivre la construction des ouvrages et mobiliser des acteurs locaux parfois récalcitrants, et sur ce plan, en particulier de la construction de logements économiquement accessibles à tous ce sont bien les élus qui ont les cartes en mains.

Votre absence Mr Le Préfet nous amène de fait à devoir répondre aux questions; ceci à notre façon et avec les arguments et connaissances qui sont nôtres, en invitant les participants pouvant apporter un éclairage spécifique à ne pas hésiter à intervenir

Merci

Jean-Paul Jambon, représentant départemental de la Fondation Abbé Pierre

RML Toulon 9 avril vue sallePrésentation du 20em rapport du mal logement (RML) Toulon 09 04 2015

 

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