
Tout le monde tient et essaie de tenir.
Ils prennent des coups, beaucoup de coups et sont là,ils tiennent et continuent à tenir !
Il faut tenir et rester debout pour que tout tienne. Nos Soignants sont restés dignes, courageux, exemplaires là où beaucoup ne le sont plus.
Il faut tenir encore et rester debout là où beaucoup se sont mis à genoux. Soigner était devenu depuis des années un combat, puis une résilience chère à Boris Cyrulnik, elle ne l’est plus, soigner est devenu une entrée en résistance.Soigner aujourd’hui c’est résister !
Il faut tenir face au spectacle affligeant et désolant d’élites et de gouvernants qui ont beaucoup détruit et dont la plupart se sont inscrits dans une dynamique de chaos telle que nous le vivons.
Ils sont toutes et tous responsables de leurs bilans et de ce monde qui s’écroule et s’effondre sous nos pieds, partout. Ce monde qui s’écroule et ses digues qui rompent partout sont là sous nos yeux et dans nos files d’attentes des Urgences qui nous demandent de ne surtout pas nous écrouler à notre tour. Nous n’acceptons plus ce monde issu de la « mondialisation heureuse » vendu et imposé par des élites au service d’intérêts particuliers et non plus pour le bien commun.
Il faut tenir debout quand les médias insistent et ré insistent tous les jours sur des drames pour rajouter du mal au mal, en oubliant de préciser que ces drames succèdent à d’autres drames passés que nous combattions et dénoncions depuis toujours, en oubliant toutes nos luttes et alertes, en oubliant les sacrifices de beaucoup et les vies emportées pour certains, et tous laminés et broyés par la puissance de l’indifférence générale.
Avant les drames il y a le refus de l’indifférence générale pour soi même mais surtout pour tous les autres et le refus d’entendre , y compris dans les silences , « Avant ça ne me concernait pas ! »
Il faut tenir pour rappeler que face à l’opprobre jeté sur nous tous par les réseaux sociaux et leurs médias, que les Soignants essaient au quotidien de faire de leur mieux là où leurs détracteurs n’en seraient pas capables et qu’ils sont là pour soigner, apaiser, essayer de sauver des vies et non pas pour tuer.
Il faut tenir pour devoir assumer seuls et au front et en première ligne les conséquences des politiques dictées, et imposées sans en avoir réalisé au préalable aucune étude d’impact et d’enjeux humains sur nos populations. Un médecin pour soigner doit faire un diagnostic, puis établir un pronostic et enfin donner un traitement le plus adapté possible. Ses élites lui imposent l’inverse et imposent à la société une folie qui ne marche pas, un traitement imposé, puis on en évalue par la suite toutes les conséquences et donc les drames pour ne pas avoir fait le bon diagnostic ni en avoir apprécier ses effets.
Il faut tenir quand un rapport Administratif vient vous rappeler son monde « idéal » et déconnecté de toute réalité de terrain en demandant aux Urgentistes de respecter un droit de visite des familles au sein même des Urgences quand les malades eux-mêmes n’y rentrent plus et s’entassent dans les SAS de brancards ou comme cette nuit sur le parking de l’hôpital où les médecins et infirmiers remontent jusqu’à la douzième ambulance en attente pour TRIER et prioriser les degrés d’Urgences.
Il faut tenir quand au lieu de renter dormir après une longue nuit de travail et de garde pour soigner et être présents auprès des plus fragiles, il faut aller au commissariat pour déposer plainte pour menace de mort, insultes, et violences sur médecins et Soignants là où jadis déjà le Procureur de la République de Toulon, Pierre CORTES, sanctionnait et ramenait sous le principe de la loi ces « énergumènes » sans limites et en respect de rien jusqu’à frapper les médecins et infirmières aux Urgences.
Il faut tenir face aux annonces et mensonges, y compris de celles d’un Président de la République qui assurait devant la nation toute entière : « les Services d’Urgences seront désengorgés pour décembre 2024 ! » nous y sommes et les procédures dites de « Tensions hospitalières », procédures « Dégradées » et autres système D s’enchainent les unes après les autres et essaient avec la bonne volonté de tous de résister en attendant l’IGAS qui viendra une fois de plus décourager et anéantir les motivations des plus jeunes avant qu’elles ne renoncent à la Médecine d’Urgences en rajoutant aussi des drames aux drames et plus de chaos au chaos.
Il faut tenir quand nos élites, gouvernants et élus législateurs responsables des politiques votées et de leurs conséquences, continuent dans la même voie sans jamais tenir compte des leçons passées à se cacher et se protéger derrière nous tous alors que notre monde est en crise comme jamais auparavant et que les malades ne savent plus comment avoir accès au système de soins, à part les Urgences qui les trient et les réorientent « ailleurs », quand ils le peuvent et qu’un « ailleurs » existe.
Il faut tenir quand par la volonté générale de « diviser pour mieux régner » et de s’être investi, partout, pour qu’il n’y ait plus de chefs nulle part et donc de collectifs menés en confiance par un guide connu et reconnu comme par le passé et qu’il faille résister quand tout le monde se sent perdu et abandonné en perte de repères et de lisibilité pour l’avenir.
Tenir debout là où tout a été fait pour exclure du champ de la raison toutes celles et ceux qui avaient le malheur de ne pas communier dans la béatitude des lendemains qui chantent, et adhérer à un mode de pensée unique et formalisée comme seule vérité, alors qu’il fallait se réveiller depuis longtemps et sortir du piège tendu.
Il va falloir tenir encore plus debout pour affronter les crises créées qui arrivent et qui vont se succéder au regard de l’évolution du monde et sans avoir été réarmé alors que l’intelligence et la responsabilité de nos gouvernants auraient du y avoir répondu par anticipation et préparation depuis plusieurs années parce que gouverner c’était prévoir avant tout.
Il va falloir tenir pour changer de méthode et accepter de tourner la page de logiciels périmés qui nous ont propulsés droit dans le mur et que le déni continue à faire appliquer alors que les bilans, partout, exigent que nous y mettions un point final et vite.
« Vivre debout , toujours debout, jamais couchés ou à genoux malgré les menaces, les intimidations et les craintes parce qu’au-delà de nos petites vies les malades nous obligent » est depuis toujours la ligne conductrice de l’AMUF impulsée par son Président, le Dr Patrick PELLOUX, président plus que tous confronté aux attaques et à une volonté de mise sous silence, mais toujours debout.
« Plus que des regrets, demandez pardon et présentez des excuses » à la nation , aux malades, à leurs familles , aux soignants de France , était l’objet d’une Tribune de l’AMUF lors du Covid-19 en sollicitant la CJR ( Cours de Justice de la République ) après les 170 000 morts du Covid-19 et la mort d’un de nos médecins, le Dr Eric LOUPIAC, tribune qui nous fait tenir debout en attendant une relance de la procédure en responsabilités.
Parce qu’il incarne la parole politique rare, celle du « mea culpa » que tous nos politiques auraient du et devraient assumer, Henri GUAINO, ex conseiller spécial du Président SARKOZY, est une exception , il endosse là où les autres fuient : « Nous nous sommes trompés de méthode, le tout comptable a plus détruit que construit et l’essentiel est ailleurs, l’humain et les acteurs de terrain sont cet essentiel sacrifié et cette richesse pour lesquels nous sommes fautifs ! ». Il poursuit : « Ils tiennent encore après avoir tout tenu, mais jusqu’à quand, à force de tirer sur la corde, elle finit tôt ou tard par casser ».
Tenir encore jusqu’à la limite et pousser les équipes plus loin que les limites déjà atteintes est probablement l’heure de vérité que nous avons atteint et sommes en train de vivre.
Tenir jusqu’au bout , seuls et malgré tout, et résister pour soigner, est la leçon d’exemplarité et de courage que nos équipes adressent à nos gouvernants tout comme une provocation et un défi, en ne pouvant compter que sur elles mêmes et plus grand monde, ou sur les rares que nous compterons.
Dr Vincent CARRET
Amuf VAR