Revenant à la charge mardi 12 décembre et soutenue par 153 États -dont la France- contre 10, l’assemblée générale de l’ONU exige un cessez-le-feu humanitaire. Il y a eu 23 abstentions sur 193 États. 7 pays n’ayant pas participé au vote
Un vote qui ne sera pas « contraignant » contrairement à celui du conseil de sécurité de 15 membres qui avait voté la résolution par 13 voix sur 15, seuls les E-U avaient mis leur véto qui suffisait à s’opposer à tous les autres, selon la règle de l’unanimité toujours en vigueur.
Le soutien américain au conseil de sécurité s’est aussitôt traduit par une intensification des bombardements israëliens poussant à de nouveaux déplacements de population vers le sud qui ont fait de très nombreuses victimes civiles très majoritaires parmi les 18 412 gazaouis.es tués.es depuis 68 jours ! Les conditions de survie y sont innommables.
Quelle est cette morale qui justifierait de tuer plusieurs innocents pour tuer un méchant ?
Des médias américains ont évoqué le fait qu’ »Israël avait récemment commencé à pomper de l’eau de mer pour l’injecter dans le vaste labyrinthe de tunnels du Hamas, un processus qui pourrait prendre des semaines ».
Le « numéro » de Biden
Biden n’a pas confirmé ni infirmé, ce qui en dit long sur sa co-responsabilité et son double langage permanent. Il a même déclaré, deux jours après avoir fait échouer la résolution appelant au cessez-le-feu, que « le gouvernement de B. Nétanhyaou ne voulait pas d’une solution à deux Etats, contrairement à Washington...ajoutant que « c’est le gouvernement le plus conservateur de l’histoire d’Israël… » l’appelant à « changer et à renforcer l’exécutif israëlien » !!!
C’est exactement ce que développait l’excellent documentaire que diffusait Arte mardi soir 12 décembre à 21 h « Les tribus d’Israël« , immersion au coeur d’une société fracturée…aux mains des orthodoxes les plus ultras.
Comment expliquer une telle pantomime du président de la première puissance capitaliste si ce n’est qu’elle est en train de perdre son hégémonie économique, politique et idéologique dans le monde, aux prises avec de sérieux problèmes intérieurs, notamment sociaux, sociétaux et financiers. Il prend la mesure de son isolement à vouloir sauver à tout prix le soldat Netanhyaou ?
Mais c’est aussi parce que les E-U ont grand besoin de vendre des armes à Israël aussi, qui en consomme beaucoup, quitte à donner l’impression qu’il laisse l’Ukraine aux mains de la Russie, maintenant qu’il l’a entourée de bases de l’OTAN. Il faut bien qu’il ménage les États arabes dont la plupart se sont retirés des accords d’Abraham initiés par…D.Trump et marquer leur solidarité avec les Palestiniens qui subissent l’enfer.
Arrêter la guerre et la colonisation en Palestine, libérez tous les otages, solution à deux États…
C’est toujours l’objectif humaniste des organisations progressistes toulonnaises qui appellent la population à se rassembler tous les samedis. Des objectifs très majoritairement au coeur de tous les peuples, même les belligérants. On peut penser que la paix s’éloigne, compte tenu de la longue histoire qui laisse les Palestiniens sans État. Il est clair que le fanatisme du Hamas n’a pas favorisé -au contraire- un dialogue que les dirigeants d’Israël ne voulaient pas davantage, se sachant militairement très forts pour imposer leur sionisme radical. Autrement dit proche idéologiquement de l’extrême-droite française.
On ne peut rien attendre de ce côté-là. Mais dans cette région du monde, aucun pays arabe ne peut se soustraire à peser de tout son poids sur Israel, de plus en plus isolé. Et, bien entendu les autres peuples, proches ou lointains de la méditerranée orientale, sont concernés par les conséquences d’un développement guerrier de la situation. Et par l’atteinte aux droits universels de tous les peuples de disposer d’un territoire et, à fortiori, de n’être pas colonisé sur leur terre. Nous leur devons notre solidarité active.
Le tout prolongé par l’ONU, quoi qu’on en pense, qui admet qu’il y a lieu de revoir un certain nombres de règles -mais cela ne dépend pas de ses responsables- qui permettent d’écouter et de tenir tous les pays à égalité, ce qui est son principe mais pas la réalité, pour honorer sa vocation : éviter les différends avant qu’ils ne se transforment en conflits armés de longue durée.
Le plus inquiétant, y compris au pays des droits de l’homme, c’est la résurgence des racismes et des « valeurs » d’extrême-droite qui se banalisent et séduisent des voix déçues des politiques libérales pour leurs « solutions » ultra-libérales, comme Pétain nous conduisait à la « révolution nationale » et Hitler au « national-socialisme » ?
Nous mesurons les dégâts que font toujours les tenants du colonialisme prêts à tout, dans les années 1960, pour que l’Algérie reste française, puis pour tenir les Français musulmans à part, ils les ont logés et regroupés dans des cités communautaristes à l’écart des centres-villes sauf quand ceux-ci ont été laissés à l’abandon, comme à Toulon.
Et certains, qui ont glissé de la droite à l’extrême-droite, leur attribuent tous nos maux, en font des boucs-émissaires, jusqu’à les considérer « insolubles dans notre démocratie« , du moins la leur. Mieux ils leur prêtent l’intention de vouloir opérer le « grand remplacement » de nos croyances, traditions et religions par les leurs ?? De la paranoïa pure et dure.
Appuyons-nous sur le fait que la France a voté pour le « Cessez-le-feu » en Palestine et la libération des otages, au conseil de sécurité puis vient de renouveler sa position à l’assemblée générale de l’ONU…pour que la population toulonnaise vienne exprimer sa même volonté de solidarité et de paix à un moment où la voix des peuples peut faire céder l’extrême-droite israélienne aussi violente que fragilisée par son isolement.
René Fredon
