Demain matin, dès potron-minet, Hubert Falco comparaîtra une nouvelle fois devant le Tribunal Correctionnel de Toulon. Cette fois pour des injures, des insultes, des menaces proférées à l’encontre d’un journaliste.
Rappel des faits
Dans les colonnes du journal Le monde diplomatique de Mars 2020 les journalistes Simon Fontvieille et Jean-Baptiste Malet* ont osé écrire un article dans lequel ils mettaient en évidence de graves dysfonctionnements lors des élections législatives de 2017 et des régionales et départementales de 2021.
Alors que des signatures apparaissaient sur les listes d’émargement des citoyens donnaient la preuve qu’ils n’avaient pas pu participer au scrutin.
Un militaire était en opération extérieure en risquant sa vie, un autre était en prison etc, etc …autant de preuves qui auraient dû donner lieu à une enquête rapide et approfondie.
Qu’à cela ne tienne, l’avocat d’Hubert Falco a écrit au rédacteur en chef du Monde diplomatique « lorsque l’on emprunte un chemin aussi scabreux, on fait forcément de mauvaises rencontres ». Ce qui illustre parfaitement ce que disait le procureur Mathieu Vernaudon dans son réquisitoire de l’affaire suivante dite du « Frigo de Falco ». « …En lisant les auditions, j’ai eu l’impression de prendre un dossier de criminalité organisée…».
Le procureur de la République de l’époque Bernard Marchal n’a pas cru bon de presser le pas et son successeur pas mieux, jusqu’à plus ample informé. Alors que ces faits délictueux érodent considérablement notre socle républicain, la justice n’a pas encore statué sur le sujet. C’est très regrettable !
Puis dans les colonnes du journal Libération et dans le journal Médiapart le journaliste Simon Fontvieille a consacré plusieurs pages sur l’affaire dite du « Frigo de Falco ».
Immédiatement la camarilla locale a tout fait pour salir le journaliste. Il serait de la famille d’une opposante politique :Balivernes. Il travaillerait pour un Ministre qui règle ses comptes avec Falco : Billevesées. Le journaliste reprocherait à Hubert Falco de ne pas l’avoir embauché à la Mairie ou à TPM comme d’autres l’ont fait en 2001 et en 2020 : Calembredaines.
Vérification faite Simon Fontvieille n’a jamais candidaté au poste de thuriféraire, ni de porte coton. Non, la vérité est plus simple. Simon Fontvieille a simplement fait son travail de journaliste. Mais il est vrai que dans le Var, nous n’en avons plus trop l’habitude.
Le temps a donné raison au journaliste qui mettait en évidence les mauvaises habitudes de l’édile. Hubert Falco dans l’affaire dite du « Frigo de Falco » a été condamné à 18 mois de prison avec sursis, 30 000€ d’amende, 5 ans d’inéligibilité. Il a été reconnu coupable de recel de détournement de fonds publics sur une période allant de 2015 à 2018 et d’avoir bénéficié d’avantages indus de la part du conseil
départemental du Var alors qu’il n’en était plus le président depuis 2002. Hubert Falco a été reconnu coupable d’avoir bénéficié de repas du midi, soir, week-end et jours fériés, confectionnés avec les denrées du conseil départemental, du service de deux employés de l’institution et d’avoir utilisé un marché public du département pour faire laver son linge personnel par un pressing.
Il a été condamné en première instance, il a été condamné en appel. Trois personnes ont « plaidé coupable » en reconnaissant les faits dont Hubert Falco était le seul bénéficiaire. Le 28 mai prochain la cassation rendra son verdict.
Hubert Falco n’accepte toujours pas qu’on mette en cause sa probité et qu’on l’accuse de détournement d’argent public ! Encore faudrait-il qu’il n’y contribue pas. La présidente de la 6ème chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Marseille, Céline Ballérini, n’a pas été tendre « Il a bafoué son devoir d’exemplarité » elle a appuyé là où ça fait mal : « les faits, par leur petitesse témoignent d’un manque de respect évident des institutions et montrent que le conseil départemental restait votre territoire… ». Tout cela le journaliste Simon Fontvieille l’a retranscrit dans ses articles.
Pour avoir osé écrire ces faits aujourd’hui avérés, qui s’interprètent comme de la provocation par la défense d’Hubert Falco, le journaliste Simon Fontvieille a dû faire face à des insultes, des menaces de la part de l’ancien élu à la façon d’un voyou des bas quartiers : « Chien galeux », « Connard», « Je vais t’emplâtrer », « Dégage, ordure » voilà comment l’ancien Président de Toulon Provence Méditerranée, ancien Président du Conseil Général du Var, ancien maire de Toulon, et ancien Ministre s’exprime en public.
C’est pour cette attitude inacceptable de la part d’un citoyen et à fortiori d’un ancien élu de la République française, qu’Hubert Falco comparaîtra demain vendredi 16 mai devant le tribunal correctionnel de Toulon.
Hubert Falco le patron du Var
Face à ces scandales qui ont révélé ce qui peut apparaître comme le contraire de l’exemplarité, le modèle négatif de ce qu’il faut, en tout cas, ne pas faire… espérons que le nouveau procureur de la République de Toulon saura dans son réquisitoire remettre les pendules à l’heure, espérons qu’il saura rappeler qu’un élu de la République française ne peut pas, ne doit pas se comporter comme un vulgaire voyou sans être condamné comme vulguspecum.
Michel Audiard disait « La justice c’est comme la Sainte Vierge. Si elle n’apparaît pas de temps en temps, le doute s’installe ». Autant dire que dans notre beau département du Var, le doute s’est enraciné.
Laurent di Gennaro
*Le , Jean-Baptiste Malet reçoit à Istanbul le prix Albert-Londres du livre pour L’Empire de l’or rouge. Le prix Albert-Londres est le plus prestigieux pour les journalistes francophones. Remis pour la première fois en 1933 en hommage à l’écrivain et journaliste Albert Londres, le prix couronne, à la date d’anniversaire de sa mort, les meilleurs grands reporters francophones de l’année.
