20 juin : Journée mondiale des réfugiés
Et si l’on choisissait la solidarité…
Le nombre de réfugiés et de déplacés dans le monde bat tous les records : 68,5 millions ! Il n’y en a jamais eu autant depuis la seconde guerre mondiale, peut-on lire dans le rapport du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU à l’occasion de cette journée mondiale qui leur est dédiée. (1)
Un défi d’humanité est lancé à tous les pays et à chacun d’entre nous.
C’est le moment que choisit Trump pour quitter le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, après l’échec du G7 qui l’a isolé dans sa décision de taxer unilatéralement les pays qu’il estime menacer les intérêts américains. Prenant ainsi l’initiative d’aggraver la crise mondiale que le capitalisme traverse en divisant son propre camp.
C’est aussi le moment où circulent depuis les Etats-Unis, les images insoutenables des familles de réfugiés auxquelles on retire leurs enfants qu’elles ne reverront sans doute plus…sous prétexte de leur situation « d’illégalité »considérée comme un crime !!
Un acte odieux de son gouvernement qui relève du terrorisme au nom duquel il prétend refuser d’accueillir les migrants dont il veut épurer les États-Unis ! Un comble pour le pays qui, depuis son origine et les circonstances de sa création, est le symbole même du multiculturalisme et du métissage.
Non sans quelques longues périodes où le racisme a défrayé la chronique et continue d’ailleurs en renvoyant l’explication de la délinquance à la couleur de peau. Et non à la misère sociale qui frappe d’abord les plus pauvres quelle que soit leur origine.
Cela fait grand bruit outre-atlantique où, jusque chez les Républicains, se manifeste une indignation de plus en plus visible qui prend des formes de résistance à un président sans foi ni loi.
Les partisans de Trump en Europe, notamment à l’extrême-droite mais pas que…, ne l’avaient pas attendu pour suivre le même sillon de la chasse aux migrants -surtout s’ils sont d’une autre culture- au nom de « leur civilisation » ! La question économique et sociale venant servir d’alibi pour s’attirer la sympathie de catégories sociales sensibles aux arguments nationalistes, xénophobes et identitaires. On a connu ça en Europe juste après la première guerre mondiale…et on sait comment cela a fini.
C’est le moment de s’en rappeler quand on entend le ministre de l’Intérieur italien, juste après son « exploit » de l’Aquarius, s’en prendre aux Roms, regrettant de ne pouvoir les expulser et voulant les recenser pour chasser les « illégaux » !! Ce même ministre lançant avec ses collègues allemand et autrichien, tout aussi radicaux, « un axe de la volonté » qui réveille immédiatement chez les plus anciens, le tristement célèbre « axe Berlin, Tokyo, Rome, de sinistre mémoire.
L’initiative de Macron -qui n’a pas dit si la France accueillerait des migrants débarqués à Valence en Espagne- et de Merkel manque sérieusement de crédit et de souffe. Ils annoncent qu’ils proposeront au conseil européen de ces prochains jours de doter les pays de la zone euro d’un budget propre, indépendant de celui de l’UE « pour apporter une réponse commune à la question migratoire » ?
En fait ils donnent des arguments à ceux qui ne cherchent qu’à réduire l’arrivée des migrants par tous les moyens puisqu’ils ne veulent pas remettre en cause les dispositions adoptées à Dublin : considérer que le premier pays d’accueil est le responsable des migrants qui y ont débarqué !!
Ils veulent bien des camps de migrants…mais hors des frontières de l’UE : c’est bien ce que veut « l’axe de la volonté » de l’extrême-droite européenne.
Au nom de l’urgence et d’une vision qui se veut pragmatique, ils rendent encore plus difficile la seule voie qui permette d’unir les peuples autour de cette question bien réelle de l’ampleur prise par les réfugiés ces dernières années à travers le monde.
Le rapport du HCR rappelle qu’en 2 014 leur nombre avait atteint les 50 millions. A cette époque, le président du HCR, Antonio Gutteres, relevait « le coût énorme qui découle de l’incapacité à mettre un terme aux guerres et de l’échec à résoudre ou à prévenir les conflits ». Il faudrait aussi regarder vers ceux qui les décident et qui, notamment, fournissent, directement ou pas, les armes aux belligérants. C’est que, depuis 2001 le nombre des guerres civiles a doublé ! (2)
Rien d’étonnant que 65% de ces 68,5 millions de réfugiés et déplacés viennent de 5 pays seulement : la Syrie, l’Afghanistan, le Soudan du Sud, la Birmanie et la Somalie…Sans oublier la Palestine et ses 5,4 millions de réfugiés. Et contrairement à une idée reçue 85% de ces réfugiés vivent dans l’hémisphère Sud.
Il est urgent que la raison et la solidarité internationale se manifestent partout. Que l’Humanisme l’emporte sur toute autre considération étroite d’intérêt ramenée à de basses visées politiques de replis nationalistes en train de prendre de l’ampleur. Ou bien en spéculant sur la poursuite des conflits chère à des lobbyes très puissants.
Sans attendre le rendez-vous de Rabat des 11 et 12 décembre, l’initiative onusienne visant à adopter « un pacte mondial pour mieux accueillir les réfugies et équilibrer leur répartition ».
Car le droit d’asile est le dernier des droits quand tous les autres sont bafoués. Notre responsabilité individuelle est engagée pour faire respecter les droits fondamentaux en accueillant et en accompagnant les demandeurs d’asile, en veillant particulièrement sur les mineurs isolés, aime à rappeler la CIMADE et les collectifs aidant les migrants.
Les évènements de ces derniers jours, la situation en Europe et en France, le positionnement du président de la plus « grande » puissance au monde qui entend imposer ses vues et son style nous invitent à la plus grande vigilance…et à choisir le camp de la solidarité.
René Fredon
(1)https://www.google.fr/search?q=Le+rapport+du+HCR+20+juin+2018&rlz=1C1GGRV_enFR751FR751&oq=Le+rapport+du+HCR+20+juin+2018&aqs=chrome..69i57.11826j0j7&sourceid=chrome&ie=UTF-8
(2) https://www.humanite.fr/hospitalite-657073 (20 juin 2018)