Disparition de Renate Lasker-Harpprecht une des dernières survivantes d’Auschwitz.

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Renata Lasker Harpprecht

Une des dernières survivantes de la Shoah, Renate Lasker-Harpprecht, journaliste et auteure nous a quitté dans son sommeil le 3 janvier à l’âge de 96 ans à la Croix Valmer où elle avait élu domicile depuis 1981.

Je me souviens d’avoir accueilli cette femme courageuse inlassassable pédagogue auprès des lycéens, à la fois témoin et « éveilleuse de conscience ».

« J’ai été arrêtée à Breslau en septembre 1941, jetée en prison jusqu’à l’été 1943, envoyée au pénitencier de Jauer en Silésie pour des travaux forcés jusqu’en décembre… C’est ensuite, et jusqu’à l’hiver 1944 que je connus Auschwitz. Transférée à Bergen Belsen, j’y resterai jusqu’au 15 avril 1945 lorsque les russes ont libéré le camp… »

Renate et Anita Lasker en 1946

Juive allemande, ses parents ont été assassinés dans les camps de la mort. Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle travaille avec sa sœur la violoncelliste, Anita Lasker, dans une usine de papier où elles créent de faux documents pour aider des prisonniers français à s’évader. Percée à jour puis déportée, elle ne doit sa survie qu’à sa connaissance du français et de l’italien qui font d’elle une utile interprète pour les nazis. Après la guerre, elle gagne l’Angleterre avant de revenir s’établir définitivement dans le Var.

Un grand témoin
« Il ne faut pas reprocher aux jeunes, sauf s’ils ont de bons professeurs, de ne rien savoir. C’est donc notre devoir de leur en parler. Un écrivain juif allemand, disparu aujourd’hui, a dit : questionnez-nous parce que nous sommes les derniers. C’est aussi ce que je fais. Je parle »

Depuis quarante ans Renate était varoise. Chaque année scolaire elle allait à la rencontre des jeunes dans les écoles et les lycées du Var, Toulon, Draguignan, Brignoles, Saint-Maximin…

La prise de conscience
On lui demanda un jour ce qui avait déclenché le besoin de témoignages dans les années 1980. Elle répondit : « Le film Holocauste sans doute. Diffusé en 1979. Les allemands ont pu s’identifier à tous les personnages. J’étais invitée à participer à tous les débats. Mais mon opinion était mitigée. Chaque personne qui a été déportée pouvait voir que les acteurs étaient trop bien nourris ! Pour moi le seul document filmé qui se rapproche le plus de ce que nous avons vécu est La Liste Schindler. Il ne faut pas avoir d’esprit de vengeance. Il faut aimer la vie, sinon ce n’est pas la peine de continuer. Il ne faut pas ignorer le passé. Sans passé il n’y a pas d’histoire. Sans histoire, il n’y a rien. »

Jean-François Principiano

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