Claude-Henri Bonnet  19 ans d’opéras !

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Ce vendredi 1e juillet voit donc le départ de notre ami Claude-Henri Bonnet à la tête de l’Opéra de Toulon. Un départ imposé par l’âge et non par le manque d’énergie de l’homme qui fut pendant près de  vingt ans le grand réformateur de la maison lyrique varoise.

Un grand directeur
Claude-Henri Bonnet né en 1948* a fait ses armes à l’opéra de Lyon auprès de Louis Erlo. Lorsqu’il prend la succession de Guy Grinda en 2003 le chantier toulonnais était  déjà en  état de transformation grâce au professionnalisme de Grinda qui avait œuvré pour sortir  l’opéra de Toulon du provincialisme feutré dans lequel il prospérait.

Passant de la Concession à la Régie municipale, l’outil culturel, par la volonté d’Hubert Falco allait prendre un tournant positif. Dès le début Bonnet sut maîtriser la tâche qui lui incombait. Il s’entoura d’hommes et de femmes de qualité qui servirent (et certains servent encore) la cause du rayonnement culturel de l’Établissement Public de Coopération Culturelle avec bonheur (Jérôme Gay, Régis Vian des Rives, Stéphane Martucci, Christophe Cesarini, Marc Antoine Vellutini, Valérie Caranta, Claudine Garcia, Anthony Duclos, Eric Margouet, Luc Londiveau,  Isabelle Beer-Demander, Kévin Bouffard, Sylvie  Morin  Bouttefroy, Delphine Fontana, Mila Lamdani, Beatrice Skaza, Sabine Dubar, Frank Fabre, Hervé Revest, Audrey Thibault, Pascal Verdery, Christian Tessore, Mylène Souteirat,  Laurence Monti, Monique Dautemer, Giuliano Carella, Jurgen Hempel, Catherine Alligon, Christophe Bernollin et tous les autres…) C’était la marque d’un grand directeur qui allait s’affirmer peu à peu dans plusieurs domaines.

Un grand programmateur
Usant de son charme et de sa persuasion diplomatique il  a su convaincre de renouveler les programmations et les publics en proposant des coopérations avec les grandes scènes internationales et des artistes invités de haut lignage. Avec étonnement, on a vu se multiplier les œuvres les plus belles et les plus rares du répertoire ; pour exemple l’Etoile de Chabrier, Faisons un opéra et le Petit Ramoneur de Britten en 2003 ou encore Le Freischütz de  Carl Maria von  Weber qui fut donné pour la première fois à Toulon en 2010 ou encore la Rondine de Puccini, l’Heure Espagnole de Ravel, Le dialogue des Carmélites de Poulenc, Ariane à Naxos de Richard Strauss, Street Scène de Kurt Weill en 2010 et L’Opéra de Quat’sous en 2016, sans compter les comédies musicales américaines faisant de Toulon un véritable Broadway sur la rade. Ainsi sous peine d’exhaustivité on peut dire que tous les genres du spectacle musical furent programmés par Bonnet, de Mozart à Haendel, de Wagner à Menotti, de Lully à Verdi, de Puccini à Giordano, de Sondheim à  Bernstein.  Et le public a plutôt bien  suivi contribuant ainsi au rayonnement de la Ville.

Un grand passeur de modernité
Sans doute son plus grand mérite fut son carnet d’adresse permettant de nombreuses « créations »  Ce qui permit de faire venir à Toulon des chanteurs, des metteurs en scène et des chefs d’orchestre  nouveaux, sortant la scène varoise de l ’ académisme consensuel qui faisait jadis sa spécialité.

Ainsi Mireille  Larroche et la Péniche Opéra, Serge Baudo, Rani Calderon, Jean Philippe Delavault, Gino Zampieri, Frédérique Lombart, Jean Louis Benoit, René Koering, Laurence Equilbey, Bernard Pisani, Bélier-Garcia, Laurent Peduzzi, et plus récemment Olivier Bénézech, Daniel Benoin, Henning Brockhaus, James Bonas, Frédéric Andrau, Jean Lacornerie, Denis Podalydes, Eric Ruf ou Olivier Py. On n’oubliera pas des grands noms de l’art lyrique comme  Varduhi Abrahamyan, Roberto de Biasio, Stanislas de Barbeyrac, Marcelo Puente, Enkeledja Shkosa, Deniz Yetim, Maria Luigia Borsi, Ermonela Jaho, Stefan Vinke, Marc Laho, Jurgen Muller, Nika Guliashvili, Carlo Lepore, Francesco Marsiglia, Daniela Bruera, Roman Shulakoff, Nathalie Manfrino, Cécile Galois, Karine Deshayes, Vincent Le Texier, Serban Vasile, Alasdair Kent, Ève-Maud Hubeaux, Julia Novikova, Valerio Galli, Marzena Diakun, …la liste serait trop longue.

Un grand négociateur
Comprenant que le temps était à la mutualisation et constatant une stagnation de la subvention (l’opéra ne reçoit rien de l’État) Claude-Henri sut conclure des accords de coopération et de coproduction avec les autres opéras de France voire du monde, Paris, Bordeaux, Nice, Marseille, Lyon, Aix en Provence le Grand Théâtre de Provence, Saint Etienne, l’Opéra du Rhin etc…Bref il a fait entrer la mondialisation de la culture dans cet écrin magnifique légué par l’histoire.

Crises et fractures
Bien sûr il y eut de nombreuses crises et soubresauts lors de ce long règne (2003-2022) qui a connu aussi des temps de tension et des ruptures conflictuelles. L’orchestre et les chœurs ont intenté un long procès (qui n’est pas terminé) à TPM pour préserver leurs droits et légitimer leurs revendications syndicales. Il y a eu aussi  des regrets lorsque le Corps de Ballet a disparu. Des blessures sont encore en cicatrisation notamment le licenciement du directeur adjoint Jérôme Gay a qui l’on doit le renouvellement exceptionnel des Concerts Symphoniques tout au long de cette période.

Le soutien d’Hubert Falco
Devant l’évolution qu’a connu l’offre culturelle Toulonnaise et Varoise, Bonnet a maintenu le  cap courageusement. Son amitié loyale avec le Maire de Toulon  a  surement joué. Des efforts ont été faits pour diversifier les ressources avec l’action Mission développement et Mécénat et  une politique de partenariat industriel (Club Orfeo et Camerata) particulièrement réussie.

Avec les abonnés et les associations culturelles toulonnaises, avec l’Education Nationale dans le souci de former le public de demain, les rapports ont été respectueux de l’indépendance de chacun. L’association Opéravenir, fondée en 1987 a soutenu l’effort de modernisation  et de renouvellement sans se départir de son intérêt pour le sort des personnels.

Ainsi au moment où la page se tourne pour l’homme et l’ami de la musique que fut Claude Henri pendant ces années de responsabilités directoriales, nous voulons nous remémorer que des nombreuses soirées de bonheur partagé et témoigner de toutes les réussites.

Claude Henri Bonnet et Jerôme Brunetiére

Et si l’on pense à l’avenir, n’est-il pas un peu pour quelque chose dans le choix par TPM et le Conseil d’administration présidé par Yann Tainguy, de son successeur Jérôme Brunetière qui est un de ses amis de longue date ? Continuité donc dans l’effort collectif pour la Ville.

Comme disait Alexandre Dumas : dans la vie ce qui compte le plus ce n’est pas  seulement ce que l’on fait mais ce que  l’on permet  aux autres de faire. Bonne et sereine retraite monsieur le Directeur.

Jean François Principiano

* Claude-Henri Bonnet est né en Ardèche à Privas en 1948 d’un père né aussi en Ardèche mais dont la famille s’était établie en Provence à Maillane depuis plus d’un siècle, et d’une mère d’origine Corse née en Ardèche.

1959-1966 Études secondaires dans une école de Père Maristes dont le corps professoral était également constitué de Pères Jésuites.

1966-1973 Études supérieures de Sciences couronnées par un Doctorat de Biologie

1973-1976 Engagement dans la Marine Nationale au cours de son service national, (actuellement Capitaine de Frégate C.R.)

1976-1979 Marine Marchande (Officier au long cours)

1979 Régisseur puis Délégué général, Opéra de Lyon (et Festival d’Aix en Provence)

1987 Conseiller à la Programmation, Opéra de Paris

1991 Gérant et producteur artistique, IMG Artist’s France (Londres, Paris)
(En même temps, de 1994 à 1998, conseiller musical de la Maison de la Culture de Grenoble)

1996 Directeur du Festival de Musique de Toulon

2001 Élu sur la liste de M. Hubert Falco Sénateur Maire de Toulon

2001 nommé Adjoint à la Culture

2003 Directeur de l’Opéra de Toulon

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