Municipales 2026 : la gauche étale ses divisions

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Nous sommes à quelques mois des municipales -si elles ont lieu- et nous vivons un déchaînement d’échanges entre partis de gauche qui ne relève pas de la courtoisie entre partenaires supposés qui se réclament tous de gauche et plus unitaires les uns que les autres. Alors qu’on constate les positionnements très divers au plan national à travers les votes et les déclarations du PS très consensuel et ambigü mais aussi au sein même des autres partis de gauche.

Votes assez disparates, de l’abstention au vote pour ou contre ? Que les députés de gauche puissent voter pour une proposition de droite c’est compréhensible mais pas pour éviter la censure d’un projet de budget 2026 qui a du plomb dans l’aile, de plus en plus anti-social et anti-écologique, arc-bouté sur le refus de taxer les ultra-riches.

En même temps que l’on nous prépare à la guerre en Europe, aux conséquences humaines et financières déjà lourdes Le tout décidé par le seul chef de l’État de plus en plus isolé qui promet de livrer 100 «Rafale» à l’Ukraine dans les dix ans sans savoir qui les financera ?!

Et que dire ,devant le congrès des maires, de la déclaration du chef des armées qui s’adressait à la nation et nous invitait à nous préparer à « perdre nos enfants dans 3 ou 4 ans si la guerre est déclarée entre l’Europe et la Russie », ce qui laisse supposer que c’est inévitable ? Du jamais vu, d’autant que Macron a soutenu les propos du chef des armées. Tandis que les droites s’emploient à minimiser ce que tout le monde a bien compris. « C’est une mise en garde…» disent-ils ! Ben voyons. Faudrait-il commencer à creuser nos abris ?

Un temps de chien
Cela ne peut qu’accentuer le malaise entretenu par un pouvoir en fin de règne et la gauche se déchire de ne pouvoir, au premier scrutin municipal, faire liste commune face au danger que constitue le RN aux dents longues notamment dans le Var. L’union étant toujours plus mobilisatrice, porteuse de perspectives dans le sens des attentes populaires. Pour partie dépendantes des choix libéraux à d’autres niveaux qu’il faut faire reculer grâce au mouvement social large et déterminé. Comme le fut celui de 1995 contre le plan Juppé qui avait tenté d’en finir avec la sécurité sociale.

Ce qui sortira, à ce stade du débat budgétaire, amplifiera fortement les inégalités et injustices de toutes sortes, conformes aux exigences des ultra-riches et de leurs serviteurs. A contrario, les maires communistes ont une grande expérience de leur gestion participative. de leur écoute, de leur implication politique, ce qui leur vaut la confiance des populations.

Voilà qu’on nous balance à la figure la fin du droit à rester à vie dans un logement social ? On aura tout vu, déjà qu’il ne s’en construit pas assez depuis des lustres et, le plus souvent, pour des raisons strictement politiques : ne pas attirer des familles aux ressources limitées ! C’est beau « l’humanisme » des conservateurs et de l’extrême-droite qui, dans leurs communes préfèrent des électeurs.ices des classes dites « supérieures », ils sont plus sûrs d’être réélus. Et comble de mépris, ils envisagent de priver de chèques-énergie 1,5 millions de familles en grande difficulté. Une honte.

Je n’entrerai pas dans la polémique varoise de savoir qui, à gauche, est légitime et qui ne l’est pas ? Je déplore le constat, sans trop d’illusions sur les chances de voir rectifier les stratégies concurrentes, ce qui réjouirait beaucoup de monde à gauche et au-delà.

Les annonces publiques ont eu lieu de part et d’autres. Sait-on jamais ? Après Toulon, même situation ou presque, à La Seyne où c’est le PS qui annonce une 2è liste autonome autour de son conseiller municipal plutôt que de renforcer la liste de gauche unitaire.

La droite est aussi très divisée dans les deux premières villes du Var qu’elle dirige. Qui se frotte les mains ? Si seulement nos dirigeants locaux de partis de gauche pouvaient réfléchir à ce qui vient de se passer à New-York, au grand dam de Trump et de ses admirateurs…à l’extrême-droite.

Nous vivons encore dans un monde d’ancien régime qui veut, au nom de la modernité, nous faire croire qu’il suffit d’améliorer une «République» qui n’a plus grand chose de républicain et de respect des droits de l’Homme, même s’il y a pire ailleurs. Ce qui nous menace, c’est le retour des années 1930 qui ont vu le fascisme mettre le feu à l’Europe et au monde. ( voir le dernier film sur Arté du 18-11-25 sur le procès de Nuremberg)

Récemment, on a vu en Espagne et en France des messes à Franco et à Pétain des plus provocatrices tolérées par des élus locaux très magnanimes. C’est ça leur changement ? On est au-delà de la promesse de «tout changer pour que rien ne change» comme Visconti le fait dire dans le Guépard. (d’après le roman de Tomasi di Lampedusa)

Au 21èsiècle nous sommes toujours dans un monde où les ultras-riches ne cessent de s’enrichir, ils ne pensent qu’a ça, ignorant cyniquement la profondeur des inégalités qu’ils sèment, persuadés qu’on leur doit tout et que ce sont les plus pauvres qui coûtent cher à la société ! Ils ont commencé à ne plus s’incliner devant leurs « bienfaiteurs » ? On ne touche pas au patrimoine des très riches, voyons ?

De quel droit ? Ils ont fait depuis longtemps le nécessaire pour bloquer toute velléité
de contester leur propriété sur les masses d’argent qu’ils s’attribuent et qui expliquent leurs patrimoines tout aussi intouchables, comparés aux inégalités que le capitalisme génère.

Le projet communiste pour un avenir de paix et d’urgences sociales et climatiques
Il ne s’agit pas d’un modèle prêt-à-porter qui va résoudre les problèmes du jour au lendemain mais d’un processus et d’une volonté d’aller de conquête en conquête en osmose avec les dominés, sur tous les plans, contre un système capitaliste obsolete et qui est la source de toutes les inégalités et injustices de classes, notion que le patronat conteste. Étant par ailleurs entendu que le stalinisme n’est pas l’aboutissement du communisme mais sa déviation, sa caricature, son épouvantail.

L’explosion de l’ex-URSS n’a nullement empêché les peuples de chercher à sortir de l’emprise d’un capitalisme prédateur qui se croit le maître du monde débarrassé de son ennemi existentiel.

Pour avoir vécu bientôt 70 ans de militant communiste plutôt actif, j’ai vécu ce grand moment d’histoire et d’engagement. Comme beaucoup de militants, je reste fier et fidèle, de ce parti, de ses finalités mises à jour qui l’animent même si je n’ai pas toujours compris, partagé et suivi les consignes et les décisions prises au sommet, fussent-elles très majoritaires.

Par exemple, à la fin des années 1960,le PC avait entrepris et proposé un programme commun à soumettre au Parti socialiste et au parti radical qui avaient suivi le Gl De Gaulle et obtenu plusieurs ministres en 1958. Cela témoignait de la volonté du PCF que la gauche socialiste au gouvernement puisse en sortir, la 5è république s’éloignant des objectifs et de l’esprit de la Résistance, d’où est sortie entre autres, la sécurité sociale !

F. Mitterrrand qui n’était pas à la SFIO mais à l’UDSR, micro-parti, avec Chaban-Delmas, s’était fixé l’objectif de participer au congrès d’Épinay en 1971 et en est devenu le président. Le PC savait que Mitterrand avait accepté la francisque de Pétain ce qui suppose un parcours assez suspect, le parti a fermé les yeux et appelé à voter pour lui au second tour. G. Marchais faisant 15,35 % au premier, en perte sensible. Mitterrand 25,85, Giscard 28,32, Chirac 18 % . Plutôt serré. On connait la suite. (Voir le livre récent de Sébastien Le Fol sur Mitterrand :« En bande organisée »)

Le parti communiste n’a jamais hésité à aller à contre-courant, contre la guerre d’Indochine, la guerre d’Algérie, l’Europe de Maastricht, il a appelé à voter contre la constitution de la Ve République en 1958. C’est aussi pourquoi il est un parti révolutionnaire que d’autres partis de gauche ont contribué à son affaiblissement électoral et politique. Il ne ferme pas les yeux sur ses propres erreurs.

Le 38è congrès (1) qui s’est tenu à Marseille en 2018 a confirmé que « la bataille pour la coopération entre les peuples et la paix est consubstantielle à l’engagement communiste ». Tout comme le parti-pris du travail et des salariés.es, de leur pouvoir d’achat, de leur retraite face à un capitalisme qui se gave à l’autre pôle de la lutte des classes, les yeux rivés sur leurs taux de profits pour amplifier leur puissance et leurs pouvoirs économiques et politiques.

Un nouveau « manifeste du parti communiste pour le 21è siècle » a été adopté » pour endiguer le risque d’effacement qui demeure. Un nouveau bilan critique s’impose.

Ce dimanche à Marseille Fabien Roussel a parlé devant plusieurs milliers de provençaux clarifiant une actualité des plus inquiétantes.

Nous y reviendrons.

René Fredon

(1) chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/http://66.pcf.fr/sites/default/files/texte_38_congres_final_corrige.pdf

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