Grève nationale de l’imagerie médicale

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Grève nationale de l’imagerie médicale du lundi 10 novembre 2025 face aux baisses de tarifs irrationnelles imposées par l’UNCAM compte tenu d’erreurs manifestes d’appréciation sur les investissements et charges d’exploitation des activités médicales scanner et IRM

Alors que la dernière loi de financement de la sécurité sociale (loi n° 2025-199 du 28 février 2025 de financement de la sécurité sociale pour 2025) imposait la réalisation de 300 millions d’euros d’économies sur les dépenses d’imagerie médicale entre 2025 et 2027, la Caisse nationale de l’assurance maladie (CNAM) a unilatéralement décidé des baisses tarifaires le 16 octobre 2025 avec une date d’application le 5 novembre 2025.

Cette proposition met immédiatement en péril l’équilibre économique des structures d’imagerie médicale et met en danger la population française dans l’accès aux soins et l’équité territoriale. Elle a été faite sans concertation, écartant ainsi le nécessaire dialogue entre l’assurance maladie, les structures d’imagerie et les syndicats de médecins. La baisse des tarifs est de -12,6% sur les forfaits techniques scanners et IRM (imagerie par résonance magnétique). Sur les 10 dernières années dans un contexte d’inflation démontré de 3% par an, la stabilité des tarifs de l’imagerie médicale a déjà généré 900 M d’euros d’économie. Ces forfaits techniques sont versés par l’assurance maladie aux propriétaires d’équipements (hôpitaux CHU, CH, CLCC, hôpitaux mutualistes et hôpitaux privés, GIE public privé d’imagerie médicale, Groupement de Coopération Sanitaire, SAS et SARL d’imagerie en coupe et SEL de radiologues libéraux). Ces forfaits ne sont pas des honoraires pour les médecins qui réalisent les actes, mais la contribution économique à financer tous les frais de construction, d’installation, d’aménagement et de fonctionnement en conditions opérationnelles de ces équipements (aménagement, achat et maintenance de la machine, locaux, salaires des personnels, investissement et maintenance du système d’information, radioprotection, bionettoyage, comptabilité…). Les baisses impactent aussi les actes de radiologie conventionnelle notamment les échographies doppler et empêchent la facturation de plus de 2 actes pour le même patient lors de la même venue, impactant les prises en charge des bilans rhumato.

Le réseau France Imageries Territoires soutient la grève nationale de l’imagerie médicale du lundi 10 novembre 2025 avec plus de 95% des centres fermés. Le réseau doté d’une gouvernance radiologique de 510 radiologues (8% de la profession) rassemble 83 centres d’imagerie, 19 centres de proximité. Plus de 90% des radiologues impliqués dans l’activité de télé-interprétation TeleDiag du réseau auprès de 380 établissements de santé sont déclarés en grève.

Le réseau France Imageries Territoires soutient la grève compte tenu de l’urgence de la situation médico-économique pour le compte des 43 lieux d’implantation, 88 EML scanner et IRM, toutes titulaires d’autorisation d’Agences Régionales de Santé, 3% du parc français scanner et IRM et une organisation territoriale majeure sur 23 départements français sur l’accès à l’imagerie médicale compte- tenu d’une prise en charge de 2,4 millions de patients en imagerie médicale sur ces territoires. Il est aussi rappelé que le réseau réalise 7% du dépistage du cancer du sein en France. Les centres d’imagerie témoignent de leur incompréhension totale à l’égard d’une mesure tarifaire qui ne peut que fragiliser la prise en charge des patients. Les centres soutiennent la démarche de la FNMR (Fédération Nationale des Médecins Radiologues) qui a appelé à une grève de la permanence des soins depuis mi-septembre, à un blocage de l’alimentation du DMP puis la grève nationale des services libéraux d’imagerie médicale du 10 novembre 2025.

De plus, le réseau France Imageries Territoires soutient la grève au nom de l’intérêt citoyen compte-tenu d’une position privilégiée sur les problématiques financières des centres hospitaliers publics. En effet, via son réseau de télé-interprétation TeleDiag qui accompagne 380 hôpitaux français sur des activités programmées et en permanence de soins soit plus de 800 000 patients pris en charge, notre réseau fait face à des délais de paiement des partenaires hospitaliers en inexorable croissance avec de nombreux hôpitaux incapables de régler leurs factures à moins de 180 jours. Les services d’imagerie font l’objet de déficits, qui échappent aux alertes des commissaires aux comptes par singularité du service public. Public et privé font face aux mêmes enjeux d’urgence d’équilibre médico économique.

Cette baisse arbitraire met en péril l’équilibre économique des structures et donc du projet médical. Cette baisse va entrainer une fragilité de l’imagerie médicale sur tous les territoires secteur 1, une fragilité de l’offre de soins, une inégalité de l’accès aux soins, une diminution de la qualité de prise en charge et une perte de chance pour de nombreux patients. Le scanner est une condition des autorisations des services d’urgence : fragiliser les scanners revient à fragiliser encore plus les établissements avec des urgences et avec de la permanence des soins. Le scanner est la modalité de diagnostic indissociable de la prise en charge du cancer : fragiliser le scanner revient à dégrader les plans cancers dans une logique d’épidémiologie qui ne cesse d’augmenter. Le scanner est la modalité de référence pour la prise en charge de toutes les urgences vitales notamment en cardiologie avec les embolies pulmonaires. L’IRM est une modalité incontournable dans le diagnostic de la médecine de ville mais aussi dans la pathologie neurodégénérative, elle est l’examen de référence pour toutes les urgences neurologiques notamment la prise en charge des AVC. Il s’agit d’une mise en danger de la population française.
L’UNCAM qui a pour feuille de route de faire des économies en imagerie médicale s’est basée sur le rapport IGAS et IGF qui avait été demandé par les ministères. Ce rapport contient des erreurs manifestes d’appréciation extrêmement nombreuses et significatives, démontrant une méconnaissance du secteur, de son écosystème et des paramètres médico-économiques. Ces erreurs manifestes d’appréciation ont été communiquées par la totalité de la profession. Concernant le réseau France Imageries Territoires, ces inepties ont été tracées et documentées avec des preuves comptables officielles et opposables. En effet les structures d’imagerie font face à une inflation significative de tous les postes de coûts ces dernières années sans revalorisation des tarifs opposables. Une imagerie médicale à deux vitesses est en train de s’instaurer en France avec une dichotomie entre les territoires secteur 1 et les territoires secteur 2 ou optam. La décision de l’UNCAM est une erreur manifeste d’appréciation des conditions économiques des structures d’imagerie en tarif opposable qui n’ont pas de levier face aux baisses de tarifs dans un contexte d’inflation de 3% documentée. Les communications autour des marges sur les forfaits techniques sont une erreur manifeste d’appréciation de la nécessité de dégager un résultat pour rembourser les emprunts liés à la construction et aux aménagements des équipements lourds, mais aussi des investissements matériels et système d’information. L’UNCAM considère par exemple que passer une IRM nécessite 0,05€ de charges… ce qui ne correspond même pas au prix d’envoi d’un SMS de rappel de rdv. S’attaquer aux équilibres économiques des structures titulaires d’autorisation d’agences régionales de santé est une erreur manifeste d’appréciation.

Pour finir, malgré les baisses annoncées, la différentiation de tarifs en fonction de la géographie en métropole est maintenue malgré son irrationalité. Le fait que la province dispose de tarifs inférieurs à l’Ile de France et à Paris pour le même acte médical n’a aucun comparable en santé et s’oppose au principe d’égalité de la constitution ainsi qu’au principe d’égalité dans l’accès aux soins. Cette différence de tarifs par géographie est un des facteurs de l’accélération de la désertification d’imagerie. La seule différence tarifaire devrait être sur les DOM-TOM compte-tenu de surcoûts documentés… mais ces géographies ont comme la province les tarifs les plus faibles.

Nous sommes engagés et convaincus d’une exigence constitutionnelle d’équilibre financier de la sécurité sociale, énoncée à l’article 34 de la Constitution. La santé souffre d’un manque de recette dans un contexte de hausse de recours aux soins par l’effet du vieillissement de la population, de facteurs épidémiologiques et du progrès médical.

L’exigence d’équilibre financier constitue une base légale fondamentale pour justifier les mesures de régulation des dépenses, mais une nouvelle baisse de tarifs est irrationnelle, compte tenu de l’effet ciseau des dix dernières années (baisses des tarifs, hausse des charges). Le secteur de l’imagerie médicale a proposé des économies concrètes et pragmatiques, que l’UNCAM n’a pas pris en compte, notamment l’axe indispensable de la juste prescription. Nous revendiquons une suspension de la baisse de tarifs du 5/11/2025 et la reprise de négociation qui devront permettre de définir collectivement des économies concrètes sans fragiliser les offres de soins.

Réseau France Imageries Territoires
Xavier LEMOINE

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