La fédération du Var du Parti communiste français s’oppose à une militarisation aveugle de la Méditerranée au profit de l’industrie privée
Cette prise de position du Parti communiste français du Var fait suite à la parution, dans l’édition de juillet 2025 du journal La Gazette du Var – De la Porte des Maures à la Méditerranée, d’un article relatant la tenue de la Journée « Mer et Défense » à Toulon, et à l’intervention remarquée du maire de La Londe-les-Maures, promouvant la dronisation de l’espace maritime, le projet de Naval Group aux Bormettes et l’alliance entre défense, tourisme et économie.
À l’heure où la Région Sud et la Métropole de Toulon affichent avec fierté leur ambition de devenir un hub stratégique de la « dronisation » maritime et de l’intelligence artificielle embarquée, le Parti communiste français tient à alerter sur la dérive idéologique et économique que constitue cette vision unilatérale de la défense.
Sous couvert de modernisation et de souveraineté technologique, les choix opérés s’inscrivent dans une logique de surenchère sécuritaire, de dépendance à l’industrie de guerre, et de privatisation croissante des enjeux stratégiques nationaux. Le projet de réindustrialisation du site des Bormettes à La Londe-les- Maures, confié à Naval Group pour y développer des drones maritimes, en est un symbole criant.
Ce projet illustre une impasse : on ne peut pas prétendre concilier la défense, le tourisme et l’économie sur un même site, a fortiori dans une zone à risque inondation avéré, soumise à des aléas climatiques croissants. À l’heure de l’urgence écologique, il est irresponsable d’implanter un programme industriel militaire dans un espace fragile du littoral, où coexistent déjà de fortes pressions environnementales.
Par ailleurs, le recours systématique à l’intelligence artificielle, brandie comme solution à tous les défis technologiques, ne doit pas occulter une réalité fondamentale : l’intelligence artificielle ne peut, ni ne doit, prendre le dessus sur l’intelligence humaine. La guerre, comme la paix, reste une affaire profondément politique, humaine, éthique.
La réindustrialisation d’un territoire, elle aussi, mérite une réflexion de long terme. Elle doit s’inscrire dans une vision d’intérêt général, cohérente avec les enjeux sociaux, écologiques et démocratiques du XXIe siècle. Elle ne saurait être pensée au prisme des seuls impératifs économiques d’une commune ou d’agendas politiques locaux, aussi légitimes soient-ils dans d’autres contextes. Elle exige un débat ouvert, une planification d’ensemble et une évaluation rigoureuse des impacts sur les populations et les milieux naturels.
Le PCF propose une autre voie. Nous portons le projet d’un pôle public de défense, au service de l’intérêt général, de la paix, de la souveraineté démocratique, et non des logiques de marché. Une défense qui coopère plutôt qu’elle ne s’impose. Une industrie qui sert les besoins sociaux et humains avant les intérêts spéculatifs. Une réindustrialisation utile, qui respecte les territoires, les ressources naturelles et le bien-être des populations.
Nous refusons que la Méditerranée, berceau de tant de civilisations, soit transformée en un champ d’expérimentation militaire où s’affrontent logiques de puissance, compétitions industrielles et intérêts géoéconomiques opaques. La vision de l’État est, ici encore, à courte vue : la fermeture du site public de La Londe en 2003, symbole du démantèlement de l’industrie d’armement étatique, démontre à quel point les choix industriels sont dictés par l’instant, sans aucune cohérence stratégique dans la durée.
La défense doit rester un outil au service de la paix, de la protection des populations, de la coopération internationale, et non un levier pour enrichir quelques grands groupes industriels au détriment des citoyens et des écosystèmes.
Le PCF appelle à un moratoire sur le projet de réindustrialisation du site des Bormettes dans sa version actuelle. Nous exigeons :
• Un véritable débat public national sur la stratégie de défense maritime française ;
• Un contrôle démocratique accru sur les investissements militaires régionaux ;
• Une redirection des budgets publics vers la recherche civile, les transitions écologiques et les besoins sociaux.
La paix n’est pas un mot vide. C’est une ambition politique.
Face aux tensions croissantes dans le monde, la France doit porter une voix indépendante, pacifiste et solidaire.
communiqué de presse du PCF-Var