Bernart de Ventadour … ça vous parle?

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Bernart de Ventadour, ou de Ventadorn

L’année 2025 est riche en anniversaires musicaux. Que l’on parle de naissances ou de décès, nous allons voyager dans l’histoire de la musique avec des compositeurs, hommes ou femmes, plus ou moins connus. Comme l’enluminure vous le suggère, nous allons remonter loin, loin, loin, 900 ans exactement, au XIIème siècle. J’admets qu’à cette époque moyen-âgeuse, l’état civil n’était pas forcément d’une rigueur folle quand il ne s’agissait pas de puissants personnages.
Justement, Bernart de Ventadour, ou de Ventadorn, a été le protéger d’une grande dame du moyen-âge, Aliénor, duchesse d’Aquitaine. Elle régnait du sud de la Touraine jusqu’aux contreforts pyrénéens. Poitiers était sa capitale politique, Bordeaux une ville universitaire, religieuse et commerçante.
En épousant Henri II Plantagenêt, descendant de Guillaume le Conquérant, elle étendra même son influence sur la moitié de la France actuelle et l’Angleterre. Femme de caractère, c’est peu de le dire, indépendante, lettrée, elle fut une protectrice des arts. Son règne fut en Aquitaine un âge d’or pour les troubadours et l’amour galant qu’ils chantaient : poésies galantes parfois écrites, parfois improvisées lors de joutes poétiques et musicales. Bernart de Ventadour fut une star à son époque (oui, je sais, c’est un anachronisme), et a suivi sa bienfaitrice dans tout le duché et outre-Manche.
Écoutons donc un peu sa musique avec la chanson de l’alouette. La première strophe est reproduite en français et en occitan

Quand je vois l’Alouette mouvoir,
De joie ses ailes vers les rayons du soleil,
Qui s’oublie et se laisse tomber,
Pour la douceur qui lui va au cœur,
Hélas ! Si grande envie me prend,
De ceux que je vois joyeux,
Et je m’étonne qu’à cause de cela,
Mon cœur ne fonde pas de désir.

Can vei la lauzeta mover,
De joi sas alas contra.l rai,
Que s’oblid’es laissa chazer,
Per la doussour c’al cor li vai,
Ai! Tan grans enveia m’en ve,
De cui qu’eu veia jauzion,
Meravilhas ai, car desse,
Lo cors de dezirer no.n fon.

Ben m’an perdut

Et voici un troisième extrait : Can l’erba fresch

Il faut remercier les musiciens et musicologues qui, tel des archéologues, font revivre ces musiques très anciennes qui appartiennent à notre histoire.
Le moyen-âge que l’on étudie trop souvent comme une époque plutôt sombre était très riche culturellement, intellectuellement, commercialement. Alors qu’Aliénor faisait connaître le raffinement aquitain en Angleterre, le roi normand de Sicile accueillait à sa cour, à la même époque, chrétiens d’orient, artisans et intellectuels berbères, arabes, juifs. Tout ce beau monde cohabitait et échangeait. La cathédrale de Palerme a été construite par des artisans arabes, on parle de style arabo-normand.
Pour finir, la musique de Bernart de Ventadour et de ses collègues troubadour a été un point de départ. Ce style de musique alliant chant, poésie et petit groupe d’instruments permettant de se déplacer facilement a perduré. Il faudra attendre la renaissance pour voir apparaître de la musique écrite pour des groupes de musiciens plus importants.
Au cas où cela ne se verrait pas, je suis fan du moyen-âge.

Benjamin Lion

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