Liberté de la presse : quand l’extrême droite intimide et que la presse cède, c’est la démocratie qui vacille
Les révélations du Canard Enchaîné du 14 octobre sont alarmantes. À la suite d’un article jugé défavorable, la députée du Rassemblement National Laure Lavalette aurait exigé que Var-Matin en modifie le contenu. Le plus inquiétant, c’est que la rédaction s’est exécutée avant d’être, malgré tout, attaquée en justice par l’élue.
Ce double mouvement, la pression politique d’un côté, la soumission de l’autre, incarne à lui seul une dérive dangereuse : celle d’une démocratie qui se laisse intimider. Les journalistes ne devraient jamais avoir à choisir entre leur sécurité professionnelle et leur liberté d’écrire. Et les rédactions ne devraient jamais renoncer à défendre leurs équipes face aux pressions d’un pouvoir politique.
L’histoire nous enseigne où mènent ces renoncements : sous le régime de Vichy, la presse libre fut étouffée, remplacée par une parole unique. La propagande naît toujours du silence des rédactions et du consentement à la peur.
Ce qui se joue aujourd’hui à Toulon dépasse un simple incident local : c’est un avertissement national. Le Rassemblement National n’a pas changé. Derrière le vernis de respectabilité, il reste ce qu’il a toujours été : un parti qui redoute la vérité, méprise la presse et instrumentalise la peur pour mieux contrôler l’opinion.
J’exprime tout mon soutien aux journalistes de Var-Matin et à toutes celles et ceux qui, chaque jour, refusent de plier devant la pression politique. La liberté de la presse n’est pas une faveur concédée par le pouvoir : elle est le fondement même de la République. Y renoncer, c’est renoncer à la démocratie.
Cécile Muschotti
Ancienne députée du Var
Conseillère municipale et métropolitaine à Toulon