Succès de l’opération Immercet

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Succès de l’opération Immercet : première immersion réussie d’une carcasse de cachalot au large de la Corse

Du 18 au 20 juillet 2025, une opération s’est déroulée au large de Calvi, dans le Sanctuaire Pelagos : la première mise en œuvre réussie du protocole Immercet. Ce dispositif permet l’immersion des carcasses de grands cétacés, qui constituent une menace pour la navigation. Une alternative écologique aux méthodes traditionnelles, qui ouvre de nouvelles perspectives scientifiques.

Immercet : un dispositif au service du Sanctuaire Pelagos
Le Sanctuaire Pelagos, issu d’un accord international conclu en 1999 entre la France, l’Italie et la Principauté de Monaco et entré en vigueur en 2002, a pour objectif de protéger les mammifères marins de Méditerranée et leurs habitats face aux pressions humaines.

Lorsque les grands mammifères marins meurent en Méditerranée, essentiellement les rorquals communs et les cachalots, leurs carcasses dérivantes peuvent représenter un danger important pour le trafic maritime. Jusqu’à présent, deux méthodes étaient employées pour les gérer : l’équarrissage, souvent long et complexe à mettre en œuvre et pouvant engendrer des risques sanitaires, ou le traitement par engin explosif au large qui peut être une source de nuisances acoustiques pour la faune sous-marine.

Afin de proposer une alternative plus sûre et respectueuse de l’environnement, le dispositif Immercet a été conçu en 2016, s’appuyant sur une méthodologie développée sur Hawaii, par le Groupement d’intérêt scientifique pour les mammifères marins de Méditerranée (GIS3M, aujourd’hui MIRACETI), en collaboration avec le Parc national de Port-Cros, dans le cadre de sa mission d’animation française du Sanctuaire Pelagos, et la Préfecture maritime de la Méditerranée.

Cette méthode consiste à remorquer les carcasses de grands cétacés vers des zones maritimes à grande profondeur, où elles sont ensuite lestées et immergées. Elle permet ainsi d’éviter leur échouage sur les côtes, tout en restituant une oasis de vie aux communautés des fonds marins encore mal connues.

Une opération d’envergure couronnée de succès
Le 18 juillet 2025, une carcasse de cachalot a été signalée à la dérive au large de la Corse. La Préfecture maritime de la Méditerranée a alors décidé de déployer le protocole Immercet. Le lendemain, après de longues recherches en mer, la carcasse de l’animal a finalement été localisée flottante et bloquée entre des rochers dans une crique près de Calvi. Une opération de remorquage a aussitôt été engagée : la carcasse a pu être tractée puis immergée avec succès à environ 660 mètres de profondeur.

Cette réussite fait suite à une première tentative menée en août 2024. Bien qu’un problème technique ait alors empêché l’immersion, le dispositif TraCasse, conçu pour suivre la dérive des carcasses de mammifères marins à l’aide d’une balise, avait été mobilisé.

Une mobilisation exemplaire des partenaires
Cette opération illustre la force de la coopération nationale au service de l’environnement marin, réunissant :
le Parc national de Port-Cros, animateur de la partie française du Sanctuaire Pelagos,
la Préfecture maritime de la Méditerranée,
la Gendarmerie Maritime, le bâtiment de soutien et d’assistance affrété (BSAA) Jason ainsi que le Groupe des Plongeurs Démineurs Méditerranée de la Marine nationale,
les partenaires scientifiques et opérationnels mobilisés dans le cadre du protocole Immercet, tels que Pelagis et le Réseau National Échouages.
Elle a également été rendue possible grâce à la mise à disposition du kit Immercet, financé par le Sanctuaire Pelagos via une dotation du ministère de l’Environnement. Les blocs rocheux servant de lest pour Immercet ont été gracieusement fournis par la carrière SOMECA du Revest-les-Eaux.

Des perspectives scientifiques inédites
Cette première immersion réussie ouvre un champ de recherche exceptionnel sur les écosystèmes des fonds marins et les processus de décomposition des grands cétacés. Les données collectées permettront d’approfondir les connaissances scientifiques sur ces milieux encore mal connus.

Les partenaires vont désormais capitaliser sur ces deux retours d’expérience pour faire évoluer les protocoles Immercet et TraCasse.

Le Parc national de Port-Cros. Îles de Port-Cros, Porquerolles et baie des îles d’or
Espace de confluence terre-mer, situé à l’extrême sud de la Provence, entre Toulon et le Golfe de Saint-Tropez, le Parc national de Port-Cros s’étend des îles d’or et de sa baie maritime au littoral des cinq communes de La Garde, Le Pradet, Hyères, La Croix Valmer et Ramatuelle.

Premier Parc marin d’Europe, créé le 14 décembre 1963, il constitue un concentré de Méditerranée. Son caractère singulier résulte de l’entrecroisement depuis la nuit des temps de l’histoire naturelle et de l’histoire humaine. Un creuset où la nature a trouvé des conditions favorables à l’expression de toute sa puissance et sa diversité… Créant une alchimie qui a toujours éveillé passions et inspiration.

Le Sanctuaire Pelagos
Le Sanctuaire Pelagos est un espace maritime de protection des mammifères marins créé par l’accord international entre la France, l’Italie et la Principauté de Monaco (1999-2002). Il couvre 87 500 km² en Méditerranée nord-occidentale et constitue une zone de protection unique au monde pour les cétacés.

La Préfecture maritime de la Méditerranée
Le préfet maritime est le représentant unique du Gouvernement et de ses membres en mer. À ce titre, il a autorité pour employer et coordonner les unités des administrations concourant à l’action de l’État en mer dans le cadre de ses prérogatives. Parmi celles-ci, le préfet maritime est notamment chargé de la préservation de l’environnement marin. Il s’agit d’un objectif primordial pour la préfecture maritime de la Méditerranée qui porte une attention toute particulière à la protection des mammifères marins en Méditerranée. Le pouvoir de police administrative générale du préfet maritime lui permet de réglementer un certain nombre de pratiques pouvant avoir un impact négatif sur les mammifères marins :

les courses offshores de véhicules nautiques à moteur ;
l’approche volontaire des cétacés pouvant constituer une perturbation intentionnelle ;
l’encadrement du bruit et de la lumière en mer, notamment s’agissant des dispositifs destinés à illuminer les fonds marins qui sont interdits une heure après le coucher du soleil et jusqu’à une heure avant le lever du soleil.

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