J’ai fait connaissance avec cette association d’amis de l’Arménie lors d’une conférence historique que je donnais à Hyères à l’UTD consacrée en 2015 à l’histoire de l’Arménie. J’ai fréquenté souvent cette sympathique association symbolisant l’amitié entre la France et ce petit pays à l’histoire riche et tourmentée. 24 avril journée de commémoration nationale du génocide arménien.
L’Abris’s club, association franco-arménienne de l’aire toulonnaise a été créée en 1988, par la famille Phomassian. Sa mission était surtout culturelle. Maryse Grigorian anime cette association depuis 22 ans avec courage et détermination, l’inclinant vers l’entraide et la solidarité. Depuis l’association s’investit toujours dans l’humanitaire, mais autrement. Elle a arrêté ses actions directes pour se recentrer sur des missions plus précises à travers d’autres organisations telles que le Fonds arménien de France.
Cours d’arménien, concerts, expositions, fêtes de Noël ou de Pâques à l’arménienne… L’Abris’s club organise de nombreuses activités culturelles chaque année pour la communauté arménienne et ses proches. Elle participe, selon ses moyens, à l’aide humanitaire en Arménie (envoi de matériel médical, médicaments, formation de jeunes médecins soit en France soit en Arménie.)
Rappel d’histoire
J’ai beaucoup d’admiration pour l’Arménie qui fut le premier pays officiellement chrétien de l’histoire lorsqu’en 301 le roi Tiridate IV (298-330) se convertit au christianisme sous l’influence de Grégoire l’illuminateur. Peuple courageux et travailleur, ses fils ont souvent apporté à la France des réussites dans de nombreux domaines y compris par le courage et le sens du sacrifice. Je pense tout particulièrement aux résistants du réseau de Missak Manouchian (1906-1944) pendant la seconde guerre mondiale.
J’ai rencontré à Marseille de nombreux fils des rescapés du génocide marqués par cette horreur. Sans excuser ou justifier, il faut préciser un point d’histoire qu’on ignore souvent faisant systématiquement du peuple turc un peuple de barbares.
En 1915, en pleine guerre de 14, la population arménienne (sans état) est répartie entre la Turquie et la Russie qui sont en guerre dans deux camps opposés, la Russie du côté des puissances alliées, l’autre, l’empire Ottoman, du côté de l’Allemagne. La guerre tourne mal pour les turcs qui sont sérieusement battus par les russes. C’est à ce moment là que les arméniens de Turquie, à l’appel de leurs frères russes, demandent leur indépendance. (La Russie soviétique rétablira plus tard une république d’Arménie). Croyant voir en eux des traitres alors qu’ils étaient relativement bien intégrés dans l’empire turc, le parti nationaliste des jeunes turcs décrète leur déportation puis leur extermination méthodique. C’est le début du génocide que le gouvernement actuel ne veut pas reconnaître, considérant ces événements tout au plus comme « un regrettable fait de guerre. » Il coûta la vie à 1,5 million de victimes innocentes et fut le premier génocide du XXème siècle !
Pour les arméniens c’est insupportable et on peut les comprendre. Certaines voix turques les ont rejoints, notamment le prix Nobel de littérature Ohran Pamuk qui affirme qu’entre 1915 et 1917, « un million d’Arméniens et 30 000 Kurdes ont été tués, mais personne d’autre que moi n’ose le dire ». La disparition de l’Arménie occidentale et de son peuple, mais surtout la non condamnation de ce crime, serviront d’exemple à Hitler qui dira à ses généraux le 22 août 1939, avant d’attaquer la Pologne : « J’ai donné des ordres à toutes mes formations militaires, pour l’instant cela ne concerne que l’Est, de se tenir prêtes à tuer sans merci, ni compassion tous les sujets, hommes, femmes ou enfants, sans aucune exception, appartenant à la nationalité polonaise ou étant de langue polonaise. C’est seulement par ce moyen que nous acquerrons les territoires (lebensraum) dont nous avons besoin. Finalement qui de nos jours parle encore de l’extermination des Arméniens ?*
Le 24 avril journée mondiale de la mémoire
À la suite des défaites militaires turques, on accusa les arméniens vivant en Turquie de trahison (ils étaient chrétiens et vivaient chez les ottomans musulmans). La rafle des intellectuels arméniens le 24 avril marque le début du génocide. Elle a consisté en l’arrestation des élites arméniennes de Constantinople (journalistes, professeurs, avocats, médecins). Ces arrestations ont été décidées par le ministre de l’intérieur de l’Empire ottoman Talaat Pacha. En comptant les arrestations survenues les jours suivants à Constantinople, on atteint le chiffre de 2 345 déportations.
La date du 24 avril a donc été choisie comme journée de commémoration du génocide arménien. En Arménie le jour est férié ainsi que dans toute la diaspora arménienne.
Comme disait Karl Marx, celui qui ignore l’histoire est condamné à la revivre.
Infos et renseignements Maryse Grigorian La Djanik, 1167, chemin de Terre-Rouge, 83200 Toulon.
Tel 04 94 27 10 51 ou 06 83 19 58 70 et dalida.sarkissian@mma.fr
Jean-François Principiano
*Sources : Vahkan Dadrian Histoire du Génocide arménien Stock