Concert à la Collégiale de Six Fours par l’ensemble Matheus de Jean-Christophe Spinosi.

Ce concert d’automne, samedi 25 septembre, clôturera la série des concerts donnés par Jean Christophe Spinosi dans le cadre de son partenariat avec la ville de Six-Fours et le Festival de Toulon cette année. Au programme deux grandes œuvres religieuses du prêtre roux Antonio Vivaldi, le Stabat Mater et le Nisi dominus.
La douleur de toutes les mères.
Le Stabat mater est une pièce liturgique anonyme du XIII° siècle. Le texte évoque la souffrance de Marie lors de la crucifixion de son fils. Elle a été mise en musique par de nombreux compositeurs, et illustrée par d’innombrables peintres. Le Stabat mater (RV 621) d’Antonio Vivaldi, un des plus célèbres, a été composé en 1712 pour ensemble et voix soliste. Il comporte 9 mouvements. C’est une musique vibrante et recueillie qui décrit et sublime symboliquement les angoisses et les peines de toutes les mères du monde.
Spinosi tel qu’en lui même
Jean Christophe Spinosi a enregistré cette œuvre ainsi que le Nisi Dominus pour le label Naïve avec Marie-Nicole Lemieux et Philippe Jaroussky, en 2008, ce qui lui a valu un diapason d’or. (vidéo) C’est donc une occasion heureuse d’entendre de la très belle musique baroque par un des meilleurs spécialistes du genre. Violoniste et chef d’orchestre il est invité sur les plus grandes scènes internationales. Théâtre du Châtelet, Théâtre des Champs Elysées, Opéra National de Paris, Opéra Royal de Versailles, Opéra de Vienne, Theater an der Wien, Festival de Salzbourg, Liceu de Barcelone, Teatro Colón de Buenos Aires, Opéra Royal de Stockholm, et les opéras de Versailles, Hambourg, Zurich, Madrid, Londres, Berlin, Moscou… C’est assez merveilleux de le retrouver à Six-Fours non ?
Le Psaume 127 pont spirituel entre juifs et chrétiens.

Dans le Nisi Dominus datant de 1716, sur un Psaume de Salomon, il y a un moment absolument magique, c’est le « Cum Dederit ». Cette aria est sans doute une des plus évidentes réussites du compositeur vénitien (vidéo). On observera la direction inspirée et recueillie de Spinosi soutenant par des pulsions proches des sanglots la voix du haute-contre Philippe Jaroussky. Mais il y a autre chose.
Le psaume 127 intitulé Shir Hamaalot est un chant très connu de la liturgie juive. Il est chanté en famille, au cours du nouvel an juif, dans la tradition sépharade. Thomas d’Aquin l’a traduit en latin et il est devenu le Nisi Dominus de la liturgie chrétienne.
Peut-être Vivaldi l’a-t-il entendu en glissant en gondole sur les canaux proches du ghetto de Venise ? et peut-être s’est-il inspiré de sa cantilène psalmodiée ?
Le poème de Salomon exhorte, les juifs à mettre leur foi et leur confiance en Yahvé, en les assurant qu’ils ne doivent attendre le succès de leur vie que de Lui, et qu’il ne sert à rien d’œuvrer sans la présence de Dieu à ses côtés.
Quoiqu’il en soit, Vivaldi composa une aria merveilleuse pour voix de soliste psalmodiée sur fond d’ensemble de viole d’amour, d’instruments à cordes, et basse continue. Il exprima par la mélodie l’affirmation de la croyance au mystère chrétien. L’ensemble se conclut par un Amen vibrant d’espérance (« ainsi soit-il » en hébreu). Cette très belle musique incite à la confiance dans le bien, confiance dans la vie !
L’initiative de cette manifestation gratuite en ce lieu prestigieux honore les organisateurs et les interprètes. Elle devrait soulever l’enthousiasme et l’émotion.
Concert à 15h le samedi 25 septembre en la Collégiale de Six-Fours. Entrée libre. Inscription obligatoire au 04 94 34 93 50. Navettes au départ de la Halle du Verger. Pass sanitaire obligatoire.
Jean-François Principiano