Chrystelle Di Marco soprano, Irakli Kakhdizé ténor accompagnés par Hélène Blanic

En ouverture du Festival Sand-Chopin (http://www.tv83.info/2021/08/20/festival-sand-chopin-et-bonaparte-a-la-seyne-2/) ce magnifique récital de chant italien dimanche soir au Fort Balaguier de La Seyne a enthousiasmé un public conquis par l’engagement et la vaillance de ces artistes. Ce concert était entièrement subventionné par la ville de la Seyne qui poursuit là une politique culturelle de qualité.
Irakli Kakhidze une grande voix venue de l’est
Artiste professionnel confirmé cette belle voix géorgienne a étonné par sa puissance et sa vaillance. Mais aussi par son sens des nuances et sa musicalité dès le début dans le redoutable « Celeste Aïda » ménageant un splendide si bémol. Une quinte aigu de bronze toute en puissance.
Travaillant surtout en troupe en Allemagne dans des théâtres de renom, notamment le Nationaltheater de Mannheim il excelle dans les emplois véristes Turridu, Pagliacci, Pollione ou Manrico. Il possède une très belle diction italienne et une utilisation bien maîtrisée des diminuendi. Il m’a semblé particulièrement en voix dans Tosca (superbe Lucevano le stelle), bien soutenu par la pianiste attentive et précise Hélène Blanic. Kakhdizé manifeste sur scène, dans ce difficile exercice du récital lyrique, un tempérament généreux et vaillant qui devrait lui permettre de poursuivre une carrière professionnelle déjà fort bien engagée, d’autant que les ténors lirico spinto sont actuellement particulièrement demandés.
Chrystelle Di Marco, nul n’est prophète en son pays
Il faut dire que la surprise de la soirée fut la soprano varoise Chrystelle Di Marco. Elève d’Andrée Esposito au conservatoire de Toulon, elle a étudié ensuite le chant en Italie a l’Accademia Santa Cecilia de Rome et dans divers Master Class notamment avec Ruggero Raimondi. Elle chante sur de nombreuses scènes lyriques.
Saluons d’abord son courage et sa générosité – avec tout l’effort d’organisation que demande le Festival – d’avoir proposé une telle soirée ! En italien on dirait que son programme est insidiosissimo c’est-à-dire rempli de difficultés.
Cette artiste professionnelle de haut niveau a donc toutes les qualités vocales pour développer une belle carrière : une voix puissante, un timbre chaleureux, un haut medium éclatant, une diction parfaite du texte italien. Et surtout elle exprime cet élan, questo slancio qui caractérise les belles personnalités scéniques. Je l’ai senti cependant plus à l’aise en seconde partie dans Tosca, (un très recueilli vissi d’arte et une aisance dans le dernier duo).
Mais surtout dans sa dernière prestation, le difficile air de Maddalena « La mamma morta » d’Andrea Chénier d’Umberto Giordano elle démontra une puissance vocale impressionnante et une caractérisation dramatique accomplie.
Tout le monde sait que l’on n’est pas prophète en son pays. Elle poursuit donc son chemin de vie dans des grandes maisons lyriques comme Bordeaux, Marseille ou Avignon où elle est acclamée à sa juste valeur. Peut-être un jour à Toulon…
Un festival musical de qualité
Comme le souligna en aparté l’adjointe au patrimoine Christelle Lachaud, la Seyne à la chance avec le Fort Balaguier d’avoir un lieu plein de charme, doté d’une très bonne acoustique, en plein air mais protégé du vent. C’est donc tout naturellement que cette manifestation estivale est bien soutenue par la nouvelle municipalité. Ajoutons la qualité de l’accueil et une présentation des extraits adroitement amenée par Gabriel Boz, enfin quelqu’un qui prononce l’italien avec un accent impeccable ! On le retrouvera ce lundi soir 23 août, toujours au fort Balaguier comme récitant dans le concert à deux pianos Erard (historiques) donné par Emmanuelle Stephan et Florian Noak et consacré à Beethoven.
Infos sur la totalité du festival Sand-Chopin : https://www.festivalsandetchopinenseyne.com/
Jean François Principiano